encore un sonnet
Cochonfucius vu par Stéphane Cattaneo








Cette intervention prend la forme d'un sonnet.

S'agit-il d'un sonnet nocturne ? Peu importe.

Pierre Abélard à Saint-Denis

Abélard, qui connaît à présent tes discours ?
Plus parlant à nos coeurs est celui d'Héloïse,
Te demandant pourquoi tu l'avais entreprise
Pour un jour lui ôter ton marital secours.

Mais bien que ta carrière ait ainsi tourné court,
Tu gardes sur notre âme une honorable emprise.
A ce monde inhumain quand nous sommes en prise
La nostalgie nous prend de ton simple parcours.

Et quand je pense à toi, je te donne raison,
Car je connais aussi une froide saison
Où ne vit que la fleur d'un amour impossible.

Je n'ai pas fait retour, quand même, au célibat.
Autant qu'il est un coeur qui contre le mien bat,
Je ne vais certes pas devenir impassible.


* * *


      Adam et Lilith

      Adam aimait l'amour sans avoir jamais vu
      De féminin minois... et puis, une luronne
      Qui n'a pas froid aux yeux, à ce point l'impressionne
      Que son coeur de l'Eden ne se satisfait plus.

      Et lui qui se montrait tout innocent et nu
      Devient majestueux au milieu de l'automne,
      Les oiseaux du jardin, bien sûr ça les étonne,
      De le voir explorer ce parcours inconnu.

      Mais Adam n'est pas libre, et sa vie est inscrite
      Au plan du Créateur, en sa règle, en ses rites.
       Lilith partit un jour vers je ne sais quel sort.

      Adam n'a de cela gardé nulle souffrance,
      Ce bel amour était une vaine plaisance ;
      Celui qu'il a pour Eve est fort comme la mort.