Marie la licorne
Cochonfucius vu par Stéphane Cattaneo








Cette intervention parle d'une tragédie médiévale.

Des mots s'envolent aux antipodes, s'envolent aux antichambres, des mots s'envolent jusqu'à notre reine (et ça c'est la chose effrayante), que la grande licorne a fait un camembert pour l'offrir au roi des barbares.

-Viens ici, viens ici, ma grande licorne, viens ici, mais raconte-moi comment tu as fait un camembert qu'hier soir j'ai vu manger au roi.
-J'ai moulé sa forme avec une louche, je l'ai mûri dans la cave, le plus coulant, le plus savoureux que jamais eût mangé le roi.

-Viens ici, viens ici, ma grande licorne, viens ici, tu vas me suivre, on donne une fête à mon village, toi et moi nous irons à la fête.
N'a pas ferré ses pieds par du fer, ne s'est ferrée par du cuivre, a mis aux pieds ses fers en or pour aller voir la fête au village.

Voici qu'elle vint dedans la place pour admirer la fête. La dame de la terre et la dame de la guerre crièrent leur pitié pour elle. De vos pitiés je n'en veux guère, vos pitiés pour mon âme, n'eussé-je point fait un tel camembert, au village ne fussé-je venue.

Mes fers, mes fers en or sont à prendre, ne touchez ma crinière. Cachez mes yeux avec des oeillères, que jamais je ne voie l'invisible. Jamais ma mère n'eut la pensée, me berçant autrefois, que j'irais voir tant de cérémonies, que j'irais au supplice en cette guise.

Hier soir j'ai lavé les pieds de la reine, j'ai posé sur elle la couronne, ce soir je reçois le prix de ma peine, vous tous, ayez pitié de moi. Alors survint le roi barbare. Ma grande, j'ai de la pitié pour toi, viens ici, viens ici, ma grande licorne, allons manger des lasagnes.

Tais-toi, seigneur, mon roi, mon maître, stoppe ici ton délire. Si tu voulais sauver ta licorne, hier tu aurais pris sa défense. Hier soir il y avait quatre grandes licornes, ce soir trois il y en aura, la licorne rouge et la licorne bleue, la licorne arc-en-ciel et moi-même.


Quelle aventure mémorable ! Que ne suis-je un archiviste.