Un doctorant contemplatif


Hommage à Stéphane Mallarmé par Cochonfucius

 


cette muse a d'autres rimes


Un pauvre doctorant regardait tristement
Deux mandarins pervers. De son regard lucide,
L'étudiant voit celui qui à son sort préside
Soutenir un propos qui semble un bâillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sous son crâne
Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau,
Et, triste, il erre après un rêve vague et beau
Quand les deux vieux savants ineptes se pavanent.

Il est fort énervé de ces foutaises, las,
Et creusant de sa face une fosse à son rêve,
Voudrait s'en aller par la Porte des Lilas.

Mandarins, pourquoi donc ennuyer vos élèves ?
Faites-vous naître en eux le sourire et l'éveil ?
Vous offrez un couvercle à qui veut un Soleil.


* * *


      une soutenance

      La candidate a pris un long temps de parole,
      Les membres du jury ont posé leurs questions ;
      Ils ont mis en avant leur grande érudition,
      Faisant voir qu'ils sont tous de bons maîtres d'école.

      Aucun d'eux cependant ne lui posa de colle,
      Car c'est interdit par les bonnes traditions ;
      La soutenance a lieu, sans excès d'émotion,
      Dans un profond respect pour le vieux protocole.

      Ensuite ils sont allés délibérer un coup,
      Sur le rapport final ils ont porté beaucoup
      D'éloges bien flatteurs et de vibrants hommages.

      Puis ils ont proclamé l'excellent résultat
      De quatre ans de travail, et, sur ce beau constat,
      On va pouvoir manger des crackers au fromage.


Berthelin et Elmore, revue «Dragon», 1993


encore un sonnet ?