Sans une pierre blanche, ni noire
Vers le nord du palais, tout au fond du grenier, Se trouve un jeu de go aux pouvoirs chamaniques. L'empereur, si l'empire entrait dans la panique, Jouerait une partie contre le chancelier. Des centaines d'années, peut-être des milliers, Sans que nul ne touchât cet échiquier magique. Nombre de fois l'empire eut des heures tragiques, Mais les pierres du jeu restent dans leurs paniers. Non pas que l'empereur ignore l'existence Du grenier dont le trône est à peu de distance, Ni que le jeu de go n'ait sa place en son coeur ; Mais comment jouerait-il pour défendre l'empire ? Il craint d'y penser, même. Il ne saurait que dire Si le ministre allait du trône être vainqueur. |
Ce sont...
Ce sont les nièces des vampires Qui voulaient étudier Shakespeare A la lumière d'un lampyre Dans un coin perdu de l'empire. Au bout d'une heure, elles soupirent : Comme étude on ne fait point pire ; Aux exploits sportifs on aspire, Aux gestes qui font qu'on respire. Ces nièces que le sport inspire Vont sur le terrain, et transpirent, Puis contre l'arbitre conspirent ; Nièces qui lecture rompirent Puis aux vestiaires se tapirent ; Enfin, qui sait pourquoi, glapirent. |
une comptine
Mon pouce a décidé que j'irais en voyage, Comptant sur mon index pour montrer le chemin. Le majeur était seul pour porter les bagages ; L'annulaire lisait le guide Michelin. Quant à l'auriculaire, à la paresse enclin, Il se laissait porter dans ce vagabondage Ainsi que les cinq doigts que j'ai sur l'autre main. J'étais, on peut le dire, en léger équipage. La route est rectiligne et baignée de fraîcheur, D'immenses horizons attirent le marcheur Qui sait aller au loin sans que rien ne le presse. Un petit animal, soudain, vint à passer, Un chat qui demandait à être caressé : Ici, premier arrêt, un moment de tendresse. |
Mais aux genoux, point de hiboux
Ce sont les oncles des crapauds Qui tricotèrent sans repos Pour leurs neveux, des oripeaux, Puis s'en allèrent au tripot. Voyant les couleurs du drapeau, Ils soulevèrent leur chapeau, Et même ils ont offert un pot Aux conseillers municipaux. Ensuite ils montent une expo De grands portraits épiscopaux Tracés sur des feuilles d'impôts. Mais cette histoire est du pipeau ! Nos lecteurs, fidèle troupeau, Ne gobent point de tels propos. |