un coeur oisif
Qu'il fait bon ne rien faire au long des jours d'été ! Soit que le ciel s'attriste, ou bien qu'il s'ensoleille, Soit que l'esprit s'agite, ou bien qu'il s'ensommeille, Que le corps soit assis, ou sur ses pieds planté. Moins de dossiers à voir, d'affaires à traiter, Je peux dans mon jardin observer les abeilles Ou me désaltérer du nectar de la treille, Cultivant ma langueur et mon oisiveté. Oisif aussi sera ce qui me sert de coeur, Mais je n'y songe pas avec trop de rancoeur, Doux comme la passion en seront les vestiges. Restent trois mots écrits, rangés dans un tiroir, Reste un peu d'émotion dans la douceur du soir, Et parfois, dans la nuit, un semblant de vertige. * * * Décennies Est-ce la même voix, est-ce la même peau ? De mon corps vieillissant, que puis-je encore attendre ? Même si à fort peu de charme il peut prétendre, Certains jours, il advient qu'il soit frais et dispos. Il a bien plus souvent besoin de son repos, Mais je vois qu'il a tant de plaisir à le prendre... Ce qui est bon pour lui, comment le lui défendre (Ou ce qui est mauvais, quand ça vient à propos). De sa jeunesse, un corps a-t-il des souvenirs ? Ou des prémonitions, quant à son avenir ? Le corps se soucie peu de ces choses lointaines. Il laisse aller le sang et palpiter le coeur, Ni vaincu désolé, ni triomphant vainqueur, Les ans ne sait compter que par quelques dizaines. |