un éternel retour
Fleuve parfois tari qui dans l'Histoire plonge, Ayant la majesté, le calme d'un gisant, Comme un miroir obscur pour les jours du présent ; Et du sable au milieu, où l'avenir s'éponge. Au long de ton pays ton rivage s'allonge, Où viennent méditer les humbles paysans Et l'âme des seigneurs devenus vers luisants, Qu'un tourment d'autrefois toujours harcèle et ronge. Je vois l'eau qui avance en descendant des monts Et ne remonte point comme font les saumons, Mais quand elle est en mer, cette eau qui s'évapore Revient vers les sommets, à la force du vent Et se fait source pure, et ruisseau, comme avant, Et le fleuve en lui-même à nouveau s'incorpore. |
la peinture chinoise
Si je navigue, c'est pour contempler les eaux. Je m'assieds sur la rive et renvoie mon bateau, Je vois sur le talus un canard qui somnole Sous un arbre très vieux, parmi les herbes folles. Quel jardinier nocturne a taillé les roseaux ? Un poisson étonné le demande aux oiseaux. Si j'avais mieux appris quand j'étais aux écoles, Je dirais tout cela en charmantes paroles. C'est un plaisir issu du plus lointain passé Quand, formant de sa plume un vigoureux tracé, Un poète offre au monde une peinture neuve ; Mais poète ne suis, rien qu'un flâneur oisif, Et ne peux qu'évoquer, d'un passage cursif, Ces ravissants abords d'un vénérable fleuve. |