Salomé (hommage à Oscar Wilde)
Le fils du charpentier eut un cousin prophète ; Sa voix dans le désert clamait la loi de Dieu. Trouvant que ses propos étaient bien séditieux, Sa majesté le roi ordonna qu'on l'arrête. La belle-soeur du roi vint sur ces entrefaites Faire avec le monarque un couple incestueux. Le prophète en a fait reproche vertueux, La reine lui a dit : Un jour j'aurai ta tête. - Reine, bien que ma vie soit au pouvoir du roi, Nous savons qu'il est noble et qu'il juge à bon droit, Au moins c'est ce qu'on voit dans la jurisprudence. La reine a répondu sur un ton méprisant : Donc je te surprendrai, peut-être, en te disant Qu'on me l'apportera pour le prix d'une danse. |
Un épilogue
Acceptant le plateau, Salomé, stupéfaite, Dans les yeux du défunt plonge ses tristes yeux, N'ayant jamais pensé qu'on prendrait au sérieux La demande insensée qu'au monarque elle a faite. D'une voix repentante, elle parle au prophète Et tâche de lui dire un mot affectueux, Sans employer, pourtant, d'accents voluptueux ; Autour d'elle on entend les échos de la fête. Entonnez un cantique, a demandé le roi, Et puisque le prophète a péri sans effroi, Prenez soin de son âme, auguste Providence. Les traits du vagabond qui allait baptisant Sont gravés, pour toujours, au marbre d'un gisant Qui du vieux souverain orne la résidence. |