Escher, pavage d'oiseaux et de poissons


Un jour viendra la mort, et mon temps prendra fin,
Je serai attentif à comment je respire,
Dirai mon dernier vers si la muse m'inspire,
Un dernier jeu de mots, peut-être pas bien fin.

Ne plus sentir la soif ni éprouver la faim,
Ni craindre que mon sort évolue vers le pire,
Et savoir que le mal n'a plus sur moi d'empire,
Tout ça donne à la mort un céleste parfum.

A chaque instant ce sont foules de gens qui meurent.
D'eux ni de leur action, souvent, rien ne demeure,
Même si leur départ est noble et solennel.

Que sommes-nous, sinon un remous transitoire,
Goutte d'eau dans la mer, virgule dans l'Histoire,
Aucun de nous ne peut se prétendre éternel.





* * *





un trou de matière

Oiseau tranquille et fier, je parcourais l'espace
Escorté de copains ; nous étions des milliers.
Soudain, au lieu de l'air qui nous est familier,
Le vide nous surprend. Ah, qu'est-ce qui se passe ?

Tout l'air de nos poumons s'est transformé en glace.
Plus moyen dans les airs, d'être de fiers voiliers :
Tel celui du primate avec ses gros souliers,
Notre corps tombe au sol, et plus ne se déplace.

Quel tragique accident, pensent nos pauvres âmes,
Quelle a été, Seigneur, la cause d'un tel drame ?
Dans la nuit, fûtes-vous troublé par la boisson ?

A quelques pas de là, dans une banlieue verte,
Les promeneurs ont fait une autre découverte :
En un fleuve ont péri des milliers de poissons.