Ce curieux document pourrait aussi bien s'appeler
Eloge de trois lexicographes solitaires.
Pierre Richelet, Antoine Furetière et Emile Littré ont en effet ceci en commun,
qu'ils ont fait de gros dictionnaires et qu'ils furent résolument individualistes, les deux premiers,
comme académiciens dissidents, et le dernier, comme
constructeur, en toute indépendance, de son imposant monument de papier.
Le dictionnaire de Richelet parut en 1680, celui de Furetière, posthume, en 1690 et le Littré en 1872, avec un supplément en 1877. L'Académie, fondée en 1635, semblait devoir mettre un temps infini à élaborer la première édition de son Dictionnaire (dans les faits, cinquante-neuf ans). Cela explique l'initiative de Richelet. Pour mener à bien son projet solitaire, cet auteur se résolut à bannir un grand nombre de mots, pour inconvenance ou pour d'autres causes. Parmi ceux qu'il retint, il en affubla encore certains d'une marque ayant la forme d'une croix, pour en signaler l'obsolescence. | ||