Yake Lakang poursuit ses explications










les pires musiciens fous ne troublent pas les purs physiciens mous              Cochonfucius demanda à Yake Lakang la suite des explications qu'il avait commencé à fournir, concernant la voie royale vers l'enrichissement de l'expérience interne de la conscience. Cela donna lieu à sept cents remarques additionnelles, dont nous ne retiendrons que quelques-unes.
       

Premièrement, il faut mettre la science au service d'un véritable devenir de soi, autrement dit, une révolution conjointe du savoir et de l'existence, en vue de la connaissance universelle.

C'est une matière qu'il est utile de classer par thèmes. Il n'est pas non plus inutile d'ordonner ces thèmes entre eux, en gardant les plus métaphysiques pour la fin.

Voici quelques exemples d'interrogations pertinentes : Les neurones sont-ils comme des reptiles ? Une saucisse solipsiste a-t-elle une conscience ? Une tartine de miel est-elle une partition de musique d'un autre temps ?

Pour provocantes qu'elles soient, ces questions ne sont pas purement fantaisistes. Il faut comprendre ce qui unifie l'univers. Des relations comme l'identité, la ressemblance et la possibilité d'une transformation réversible sont cruciales dans cette optique. Par exemple, si Le coq est l'animal dont tous les autres dérivent, cela veut dire que le comportement du coq détermine ceux des formes innombrables de la vie animale. Si ce n'est pas le cas, il faudra trouver autre chose.


C'est donc par des conjectures audacieuses que nous pouvons nous attaquer à la question du sens global de la réalité. Si, par exemple, nous dit que les suivent la même que les nous pouvons également affirmer que les sont quelque chose d'essentiel pour les Dans un autre ordre d'idées, tout ce que fait Trurl pourrait être accompli par Clapaucius encore mieux, et réciproquement, et cette correspondance n'est pas fortuite, mais naturelle. Si on ne le voit pas, c'est qu'une occultation s'est produite.

Ce souci d'unification des phénomènes aboutit à une vision globale des choses, dont surgissent des frappantes frappantes : le fromage est pour le corbeau ce que le pot est à la fermière ; les abricots sont les serviteurs de la Lune ; les chars les plus anciens sont aussi les plus atteints de corrosion ; chaque parole est une flamme ; la gastronomie est l'algèbre de la culture ; l'informatique est une linguistique transcendantale ; la divergence est pour le fini ce que la convergence est pour l'infini, analogies grandioses.

Ces intuitions prodigieuses vous sont offertes pour ce qu'elles sont. Elles n'excluent pas le rappel d'observations anciennes, ni de quelques interrogations métaphysiques. Y a-t-il une sagesse qui est pertinente sur les terres émergées, et une autre pour les régions subaquatiques, et dans ce cas, que signifie cette brisure de symétrie enre le dessus et le dessous de la surface des eaux ? La sagesse est-elle subdivisée en compartiments qui sont à la fois distincts et interdépendants ?

La réponse est probablement dans ce que Paul Verlaine affirme à propos de la statue de Velléda qui subsiste au bout d'une avenue immémoriale, et qui est peut-être une momie, auquel cas, elle craint la pluie. Perdue dans la nuit de la mort, elle veut savoir quelle en est la Lune, et si elle est bleue. En se plongeant dans ces visions, on peut devenir fou un peu, mais pas idiot.

Dans l'ensemble, ces exercices procurent un rare plaisir de l'esprit, à savoir, celui d'entreprendre le travail créatif d'un érudit, et de devenir un pionnier de la science. Ce n'est certes pas gagné d'avance.