Douze repeintes en vert










Par un beau matin de printemps, Yake Lakang et Cochonfucius se tenaient sur une falaise du sommet de laquelle ils observaient douze qui, s'étant assemblés sur une vaste plage, échangeaient des propos pleins de sagesse. Soudain, le gyrovague se joignit à l'assemblée, roulant devant lui un immense tonneau, dont il tira d'abondantes rations de pinard. Il en offrit à chacun des à tant de reprises qu'ils s'allongèrent tous sur la plage, tombant dans un sommeil d'ivrognes. Lui-même, n'ayant bu que très modérément, continua sa route avec son tonneau vide.

Cochonfucius interrogea Yake Lakang : Certains de ces hommes n'auraient-ils pas dû être épargnés ? Je pense à ceux qui avaient des actions importantes à effectuer dans l'après-midi, et en sont maintenant incapables. Notre ami, le gyrovague, n'a-t-il pas manqué de discrimination ?

Le Maître s'abstint de lui donner une réponse, et lui dit : Je suis venu ici avec ce grand sac, dont je n'ai plus besoin, et que vous pourriez rapporter jusqu'à ma résidence. Il n'est pas utile que vous en inspectiez le contenu. Mais surtout, revenez ici, ensuite.

Cochonfucius se mit en route. Il n'osait certes pas jeter un oeil dans le grand sac, mais par curiosité, il y glissa une main. Aussitôt, cette main fut meurtrie par une rouge. La réaction de Cochonfucius fut de repeindre en vert les douze qui se trouvaient dans le sac. Puis il les déposa chez Yake Lakang et retourna le voir sur la falaise.

Voyant les doigts de son disciple tachés de peinture verte, Yake Lakang l'interrogea avec une certaine ironie. Avez-vous donc épargné une seule de mes Vous ne montrez pas plus de discrimination que le gyrovague.

On dit qu'à ce moment, Cochonfucius reçut l'illumination. Toutefois, il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait bien être, donc pour lui, ce jour fut comme tant d'autres.