Sur Menace sur nos gènes (Actes Sud, 336 pages, septembre 2005, ISBN 2-7427-5693-0, 22,80 euros)
de Roy Burdon, par Jean-Baptiste Berthelin pour ArtsLivres


plein de choses nous déforment                Roy Burdon part d'un constat effectué jadis par l'humaniste Paracelse : toute substance peut devenir poison, c'est une affaire de dosage. Il passe alors en revue les dangers auxquels notre espèce s'expose du fait de sa propre activité quotidienne, qu'il s'agisse de travail, de loisirs ou de simple exposition aux conditions ambiantes. D'innombrables produits se montrent agressifs envers nos cellules, et nos défenses ne sont pas toujours adéquates.
       


Le sel de notre alimentation, le rayonnement solaire, l'aspirine sont des exemples d'agents bénéfiques à faibles doses, et destructeurs en cas d'excès. Mais il en existe une infinité d'autres. Les plus menaçants de ces agresseurs sont ceux qui peuvent endommager notre code génétique, produisant des cancers et des maladies héréditaires. Or nous sommes justement en train de parvenir à une meilleure connaissance de ce code génétique. Cela offre-t-il une perspective d'espoir, en termes d'amélioration de nos défenses dans ce domaine ? Certes, les mécanismes subtils de la reproduction et de la construction de protéines dans nos cellules sont de mieux en mieux décrits. Mais leur dépendance à l'environnement les rend fort complexes.

De plus, cet environnement présente divers aspects inquiétants. La radio-activité artificielle se diffuse insidieusement, ainsi que les pesticides, l'amiante et d'autres produits toxiques. De plus, notre organisme peut se voir endommagé par le fonctionnement normal ou pathologique de son propre système immunitaire, comme le montrent les dommages induits par les radicaux libres. Malgré la présence de nombreux dispositifs de défense internes, l'architecture du corps humain est fragile par endroits, ce qui rend indispensable une politique de prévention des divers cancers, en attendant de futurs progrès des thérapies géniques. Le but de ces dernières serait de remplacer nos gènes défectueux, comme on le fait des pièces d'un moteur d'automobile. Dans ce domaine, les outils et méthodes sont en cours de mise au point.

La piste la plus prometteuse reste celle d'une meilleure gestion de l'environnement, par la réduction massive des phénomènes de pollution, ainsi que la promotion de meilleurs comportements alimentaires et d'une vie quotidienne plus saine, ainsi que par un plus grand respect des conditions d'existence des espèces autres que la nôtre.

Le traité de Roy Burdon est d'une lecture plaisante. Il transmet plusieurs notions fondamentales de biochimie, de génétique et d'histoire des sciences. Chaque chapitre se termine par un bref résumé qui montre sur quels points l'auteur tient à insister particulièrement. En fin de volume, une riche bibliographie procure des ouvertures vers des points de vue complémentaires. Au total, l'ouvrage constitue une bonne introduction au problème des menaces que notre environnement fait peser sur nos cellules. Il n'apporte pas de solution-miracle, mais de bonnes raisons de garder l'espoir et d'effectuer une salutaire prise de conscience.