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D'octobre 1878 à avril 1879, Michel Millet,
artilleur, effectue dans l'Ouest de la Nouvelle-Calédonie une série d'expéditions mal organisées, et souvent
totalement ratées, mais d'autant plus savoureusement décrites dans son Journal de route.
Savoureusement, tout d'abord, du fait d'un style inénarrable.
L'artilleur Millet couvre ses carnets d'une belle écriture, et n'a qu'une lointaine notion des conventions
usuelles de l'orthographe et de la syntaxe. Voici, à titre d'exemple, l'entrée du Journal pour le premier
janvier 1879.
Jaie passez une journée a ses triste de l'eau la pluie
tambe avec rage. Jaie eu pour etrène deux goute de cognac une d'un épicier, et l'autre d'un femme de
mon pays ancien condanné au travaux forcé, ces toute la boisson que nous avons eu se jour de l'an.
De prime abord, le lecteur est certes dérouté par cette façon
d'écrire. Mais en quelques pages, il peut s'y accoutumer, et entrer dans ce récit qui vaut témoignage.
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