NOTES
1 Cf.H.Bergson, La pensée et
le mouvant, Alcan, 1934, p.101.
2 A.Arnaud, Pierre Klossowski, Seuil,
1990, p.27. Cf. Cité de Dieu, t2, livre VI, ch.2.
3 H.Bergson, Les deux sources de la
morale et de la religion, Gallimard/Pléiade, p.1203.
4 H.Meschonnic, Pour la poétique
V/Poésie sans réponse, Gallimard, 1978, p.125 :
sur la "clause" de "l'impossibilité du commentaire",
Meschonnic critique une pseudo-expérience indicible. "Le
langage de l'"expérience pure" ne peut pas en
effet, être un méta-langage. Ainsi le plan où
se situe le discours rend le commentaire impossible".)
5 O.C. VI, p.283.
6 Cf. Eckhart, où la Trinité
et son exposition en raison n'est pas un simple habillage logique,
mais condition d'expérience. Cf. La Trinité comme
theologia circularis chez N.de Cues. Cf. Plotin : "Les démonstrations
que nous faisons au sujet du principe sont en même temps
des moyen de nous élever jusqu'à lui"(Ennéade
I, 3, 3).
7 O.C. V, p.218. | 8 ibid., p.219. |
9 O.C. V, Le coupable, p.265.
10 O.C. V, p.264. Cf. L'Expérience
intérieure, p.40.
11 O.C. V, L'Expérience intérieure,
p.27.
12 O.C. V, Méthode de méditation,
p.213.
2 O.C. V, L'Expérience intérieure, p.108.
13 O.C. V, Méthode de méditation,
p.219.
14 O.C. V, Méthode de méditation, p.219. | 15 ibid., p.218. |
16 Cf. V.Descombes, Proust/Philosophies
du roman, Minuit, 1987, p.92. De la technique de la rectification
de la sensation et de l'illusion.
17 O.C. V, p.569.
18 Cf. O.C. V, p.272,273.
19 La philosophie des formes symboliques/3. la phénoménologie de la connaissance, Minuit, 1972, trad. C.Fronty, p.349. | 20 ibid., p.351. Cf.M.Loreau, La genèse du phénomène, Minuit, 1989, p.202. | 21 ibid., p.352. |
22 E.Cassirer, Essai sur l'homme, Minuit,
1976, p.59.
23 B.K.Matilal, Mysticism & Ineffability : Some Issues of Logic and Language, in Mysticism and Language, Ed. S.T.Katz, Oxford U.P., 1992. | 24 ibid., p.145. Bhartrhari adopte une position radicale que nous rapporte Matilal : "He believed that as soon as a sensory reaction penetrates the cognitive level it also penetrates the linguistic level, though this does not mean that we always have to use explicit verbal constructions. Cognizing is "languaging" (sabdana) at some implicing level" (p.146). | 25 ibid.,..."a private "sensation" language in particular". | 26 ibid.,..."for obeying a rule, as Wittgenstein puts it, "is a practice", and therefore cannot be done privately". |
27 H.P.Alston, Literal and Nonliteral in Reports of Mystical Experience, in Mysticism and Language, op.cit. | 28 ibid., p.90. "A phenomenal concept is a concept of the intrinsic qualitative distinctiveness of a way of appearing (looking, smelling...)" (...) "a physical-property sense". Le "phenomenal concept" est encore une manière de poser le primat de ce que Heidegger nommait "Vorbegriff", "pré-concept", ou "concept d'attente" consistant à la constitution du phénomène comme tel à un niveau infra-thétique : "ouvrir les yeux et accueillir les phénomènes comme ils se donnent" (M.Loreau, La genèse du phénomène, Minuit, 1989, p.277. Loreau précise le rôle "herméneutique" de la phénoménologie reposant sur son dévoilement d'un sens (celui de l'Etre) annoncé. | 29 ibid., p.91. |
30 Cf. O.C. V, L'expérience intérieure,
p.25.
31..."une saisie non-linguistique
des vécus en termes d'"a priori phénoménal"
(A.Soulez, Vérifier et comprendre chez Wittgenstein, in
Acta du colloque Wittgenstein, Collège International de
Philosophie, juin 1988, p.222) s'expose à la critique wittgensteinienne
du "phénoménalisme" et de son recours
à l'ineffabilité. C'est par les "objets"
que le langage est "amarré au monde" : d'emblée,
pas d'expérience "pure", mais "la possibilité
de la structuration du sens préalablement à la rencontre
effective du donné au moment de la vérification"
(ibid., p.218). L'ineffabilité, l'indicible, n'est pas
une position condamnée de façon univoque par Wittgenstein;
la négation de l'a priori phénoménal suggére
l'attente et l'anticipation du donné effectif dans l'a
priori du sens. L'intention en attente de remplissement est aussi
"fantasme qui fait croire que l'événement est
à l'état préformé dans l'intention"
(ibid. p.227) qui, en tant que tel, doit s'effacer pour rendre
au sens sa vérité. "L'épreuve de vérité
est une épreuve de dé-subjectivation" (ibid.).
32 Georges Didi-Huberman, La ressemblance
informe ou le gai savoir visuel selon Georges Bataille, Macula,
1995, p.204.
33 in Phénoménologie de la perception, Gallimard, 1945, p.386. | 34 ibid., p.385. | 35 ibid., p.388. "Entre l'explication empiriste et la réflexion intellectualiste il y a une parenté profonde qui est leur commune ignorance des phénomènes. L'une et l'autre construisent le phénomène hallucinatoire au lieu de le vivre".). "L'hallucination n'est pas une perception, mais elle vaut comme réalité, elle compte seule pour l'halluciné. Le monde perçu a perdu sa force expressive et le système hallucinatoire l'a usurpée" (ibid. p.394). Cf. p.392 : "L'illusion de voir est donc beaucoup moins la présentation d'un objet illusoire que le déploiement et comme l'affolement d'une puissance visuelle désormais sans contre-partie sensorielle". "L'existence du malade (...) s'épuise dans la constitution solitaire d'un milieu fictif" (ibid.). | 36 ibid., p.395. |
37 Cf. G.Didi-Huberman, La ressemblance
informe, op.cit., p.244. "Et ce dont elle [l'activité
"cruelle, simulatrice, jubilatoire, terrifiée"
de l'enfant] est exemplaire n'est autre qu'une mise en contact,
le contact de la pensée avec l'image, l'embrassement ou
l'emprise de la pensée dans l'image, le mouvement de la
pensée vers son excès ou son accès archaïques,
désarticulants, non "discrets", imaginaux"
(p.245).
38 O.C. V, L'expérience intérieure,
p.28, et, p.29 : "Le silence est un mot qui n'est pas un
mot et le souffle un objet qui n'est pas un objet...".
39 cité par P.Klossowski, in
Le simulacre dans la communication de Georges Bataille, Critique
195-196, op.cit., p.745.
40 Cf. Aristote, Métaphysique,
G, D; et Organon/Catégories. "Tout ordre a le caractère
de rassembler" nous dit la physique aristotélicienne
qui, au même titre que la logique, est un organon; un ordonnancement
selon une typologie catégoriale. Le sujet (to
upokeimenon) est substrat, lieu
de l'hérétogénéité des forces
en conflit; nature mouvante de la ulh,
de l'eidoV,
ou du sunolon
qui compose en lui la matière et la forme. La substance
première est ce qui n'est affirmé "ni d'un
sujet, ni dans un sujet" (Catégories, II), nécessairement
non contradictoire. L'universel (substance seconde) est univoque
en ce qu'il réalise l'unité des forces contraires;
il est monde que le sujet décide en le prédiquant.
Les catégories distinguent ce qui est commun de ce qui
ne l'est pas, ce qui est singulier de ce qui est universel. Elles
sont irréductibles car leur ordre, leur cohérence
hiérarchique dépend de leur stabilité et
de leur permanence structurelles. Cette hiérarchie en abîme
est, dans le langage de Bataille, cette composition irréelle
qui produit le monde - un monde de reflets - dans la pensée
indissociée du langage. Mais la composition voulue stable,
la grammaire, est nécessaire : son rôle est économique,
elle règle les rapports du sujet et de l'objet, du sujet
à lui-même, dont l'ipséité est toujours
menacée de dissolution. Le sens de la grammaire est de
tenir éloignés accident et substance. L'instabilité
du lien sujet-attribut serait la menace de la confusion, ou bien
de la fusion, si se produisait la surestimation de l'incorporation
du tout de la substance dans l'attribut d'essence et du tout de
la quiddité dans la substance individuelle.
41 O.C. II, p.62. | 42 ibid., p.63. | 43 ibid., p.60. | 44 ibid., p.61. |
45 F.Marmande, Georges Bataille politique,
P.U.L., 1985, p.47.
46 P.Rousseau, Soleil-Oeil-Sanglot,
in Gramma 5/Lire Blanchot, II, 1976, p.159.
47 Cf. O.C. V, Le coupable, p.250. "Ce
qu'on appelle substance n'est qu'un état d'équilibre
provisoire entre le rayonnement (la perte) et l'accumulation de
la force".
48 in Mysticism and language, op.cit.,
p.151.
3 Cf. O.C. VI, p.169-170. Platon, selon
Fink, concevait la relation homme-dieux comme un jeu où
l'homme était "un jouet du dieu, un paignion theon"
(in E.Fink, Le jeu comme symbole du monde, trad. H.Hildenberg
et A.Lindenberg, Minuit, 1969).
49 O.C. V, p.279.
50 O.C. V, p.294.
51 O. C. V, p.388.
52 O.C. V, L'expérience intérieure,
p.157.
53 P.Valéry, Oeuvres complètes,
Cahiers II, Gallimard, Pléiade, p.1060.
54 O.C. V, L'expérience intérieure,
p.170.
55 in op.cit., p.1060.
56 S.Kofman, Nietzsche et la métaphore,
Galilée, 1983, p.68.
57 C.Normand, Métaphore et concept,
Ed. Complexe, 1976. - Critique par exemple du topos de la métaphore
organiciste et phylogénétique -.
58 axe des associations "par ressemblance",
des "associations par contraste" (Jakobson), dialectisé
avec l'axe syntagmatique, du discours, approche combinatoire et
distributive du langage. Cf.C.Normand, ibid., p.28. Cf. H.G.Gadamer,
L'art de comprendre. Ecrits II. Herméneutique et champ
de l'expérience humaine, Aubier, 1991, p.167, in "L'intuition
et le visible"; dans la métaphore, l'intuition n'est
pas "supprimée" mais "recréée".
Cf.E.Kant, Critique du jugemen, 59.
59 La présence d'image est avant
tout image visuelle : c'est une scène. De là qu'en
terme de figure, c'est l'hypotypose qui domine, ou la diatypose,
nucléaire, si elle n'est pas dans certains cas étendue
à tout le texte. Figures rhétoriques répondant
aussi au désir de dramatisation, expressive (rhétorique
du sujet, objectivation et témoignage d'affects) et impressive
(valeur performative, et dans un sens auto-impressif à
visée d'état hypnoïde). Rien d'étonnant
à rencontrer des vers de Racine, pour qui l'hypotypose
occupa un premier plan, dans les essais de Bataille. Il est certain
que sur le plan du ton et de la lisibilité de l'image,
les deux sensibilités communiquent. Du point de vue stylistique,
Gilles Ernst (in Georges Bataille/Analyse du récit de mort,
P.U.F. 1993) a développé d'importantes analyses
de la grammaire et de la rhétorique batailliennes; rôles
de l'image, stratégies graphiques ("les emplois techniques
du soulignage" et sa valeur "sémantique et stylistique"
(p.181)), usages de l'anaphore... Mais en filigrane se déroule
l'autre procès, le mouvement d'une pensée, sous
le mode (métaphorique, aspectuel) d'un chimisme des contenus.
60 La ressemblance informe, op.cit.,
p.236.
61 Cf. ibid., p.250..."elle [la
régression] exigeait que l'on pense les conditions fondamentales
d'une sorte de matériau d'image à quoi, nous dit
Freud, la représentation (Vorstellung ) justement "retourne".
62 E. Levinas, Totalité et infini,
Nijhof, 1971, p.12.
63 O.C. VI, p.170.
64 Fink a comparé le jeu à
un rêve éveillé (E.Fink, Le jeu comme symbole
du monde, op.cit., p.137), écrivant du "monde ludique"
que son "irréalité" lui donne accès
à un "rang ontologique supérieur"; comme
image, il n'est plus copie, mais symbole (p.132); comme image
de l'être, il est "symbole du symbole" (p.152).
65 G.Didi-Huberman, Devant l'image,
Minuit, 1990, p.180. Force de manifestation "garantie par
le rêve cerné de sommeil"...
66 O.C. II, p.388.
67 in Projet d'une conclusion à
"L'érotisme", L'arc, 1990, p.88.
68 fondée sur l'isomorphisme
des structures. Cf.E.Gombrich, L'art et l'illusion/Psychologie
de la représentation picturale, Gallimard, 1987, p.321...."l'art
de la perspective vise à l'établissement d'une équation
juste : l'image doit avoir l'aspect de l'objet et l'objet, l'aspect
de l'image".
69 O.C. V, L'expérience intérieure,
p.137.
70 O.C. V, p.138. Cf. concernant la position
d'objet conquise dans l'ascèse, p.34. "L'ascèse
est un moyen sûr de se détacher des objets : c'est
tuer le désir qui lie à l'objet. Mais c'est du même
coup faire de l'expérience un objet (on n'a tué
le désir des objets qu'en proposant au désir un
nouvel objet).
Par l'ascèse, l'expérience
se condamne à prendre une valeur d'objet positif".
71 O.C. V, p.144.
72 Nous entendons le symptôme
comme effet de surface en ce qu'il actualise un événement
refoulé réel, somatique ou psychique, comme parution
d'une pseudo-totalité tentant de symboliser le manque à
refouler et le déplacement/substitution d'une pulsion.
73 Georges Didi-Huberman parle de "restituer au visuel sa valeur d'effraction, de symptôme" (in La ressemblance informe, op.cit., p.63), et de "l'altération et le déclassement de l'esthétique (qui appelle le goût) en esthésique (qui appelle désir, douleur, dégoût), et du symbole (partageable) en symptôme (intraitable)"(p.202). | 74 ibid., p.61. |
H. Joly (in Le renversement platonicien,
Vrin,1980) évoque un "langage votif" - "La
réponse divine donne à la fois des mots et des forces...
(...)...elle donne des mots qui sont des forces " - mais
celui-ci ne résulte pas simplement de la performativité
du mot d'ordre, de la locution de commandement. Nous admettons
qu'à un degré pré-langagier de la parole,
le mot, le nom jouent un rôle coercitif ou libérateur
d'une force vocale. Si le projet de Platon est de "restituer
aux mots un contenu perdu" suivant Joly, il s'agit aussi
de rendre la force aux mots, et en cela de réintroduire
une certaine qualité d'image, de l'ordre d'une force de
présentation, et d'auto-présentation, au sein du
mot, du nom, d'une parole articulée, enfin du sens. Ainsi,
que signifie que le mot doive être "à l'image
de l'essence" (...to proshkon
onoma) ? Le mot comme l'image
renvoie à une essentialité commune de la puissance
votive.
76 Cf. J-P.Vernant/P. Vidal-Naquet,
Mythe et tragédie, II, La Découverte,
1981, p.25 : "Figures du masque
en Grèce ancienne".
77 F.Frontisi-Ducroux, Le Dieu-Masque/Une
figure du Dionysos d'Athènes, La Découverte, 1991,
p.10.
78 Cf. E.Husserl, Logique formelle et logique transcendantale, trad. S.Bachelard, P.U.F. 1984 p.321. L'analogie entre deux expériences vécues ne peut encore relever d'une fusion, d'une compénétration. Mais le substrat de cette "communication" est un espace primitif, prélogique, de l'immédiation, et voué à des forces perceptives : un monde de reflets révélant une primitivité de l'expérience non encore constituée en "monde d'objets". Cf. ibid., p.322. | 79 ibid., p.323. |
80 Cf. E.Husserl, Philosophie première/II,
trad. A.L.Kelkel, P.U.F., 1972. Quand bien même serait "déjà
fondée" la perception du corps propre, l'empathie
n'en serait pas moins cette "perception par interprétation
originaire" (p.88), alors fondement et originarité
de toute "perception" : ce qui se donne dans l'expérience
(dans l'expérience de la "subjectivité étrangère")
se donne toujours médiatement en regard de la donation
originaire du Moi transcendantal, il n'en est pas moins vrai que
l'originarité de la perception intersubjective peut être
conquise dans l'expérience empathique... "Etre-donné
originaire en ce sens et expérience sont une seule et
même chose" (p.242). Le caractère primordial
de l'empathie s'accuse dans le développement de sa fonction
donatrice; s'agissant d'"intuitions intropathiques donnant
une expérience de l'être en personne" (ibid).
81 "Einfühlung" - empathie
- est ce même concept que Paul Ricoeur, ou encore Jean-François
Lavigne, avaient choisi de traduire par "intropathie".
82 E.Husserl, Problèmes fondamentaux de la phénoménologie, trad. J.English, P.U.F., 1991, p.206. "J'aurais à dire ici ce qui suit : dans la conscience empirique d'image, fonctionne une apparition d'objet (Gegenstandserscheinung) (effective ou bien même simplement imaginaire (imaginativ), un objet-image (Bildobjekt) en tant que support de la relation analogisante au "sujet" ("Sujet") de l'image" (p.205). | 83 ibid., p.95. Dans cette saisie, au "corps propre" s'opposent ces corps en tant que corps étrangers. |
84 J.English, ibid., p.293. Quand Bataille
parle de l'intensité de l'expérience qui "élimine
le doute" et où "l'on aperçoit ce qu'on
attendait", l'attente et l'apparition qui lui est corrélative
trouve un sens nouveau au regard de l'empathie. Ce n'est pas le
poids de la "thèse contextuelle" - d'un concept
"doxique" ou "comparatif" - présumant
du contenu d'une expérience à venir, mais l'anticipation
d'un contact intersubjectif, dans une intention vide, sous la
forme d'une "intuitionnification" (ibid. p.265) imaginative
devançant l'événement possible, dans une
attente vide où communiquent deux sphères d'affects.).
Dans ce "sentiment d'interpénétration réciproque"
de deux egos se noue "la possibilité de leur rapprochement
extrême" (ibid., p.294).
85 Le "sentiment" que nous
voyons investi d'une importance significative primordiale dans
la pensée de Husserl fut au nombre de "Questions sur
le fondement de l'éthique" in Vorlesungen über
Ethik und Wertlehre, 1908-1914, Kluwer academic publishers, coll.Husserliana,
1988, p.418 : "1/ Si une éthique sans présupposition
du sentiment (Gefühl) comme fonction fondamentale de la conscience
est possible."
86 Cf. E.Husserl, Le monde du présent
vivant, trad. J-F.Lavigne, in La terre ne se meut pas, Minuit,
1989, p.94 "par la voie de l'intropathie exercée sur
des oiseaux je comprends le vol, et j'ai par suite sous les yeux,
en idéalisant, la possibilité idéelle d'un
pouvoir-voler". Dans les termes, nous ne pouvons voir là
qu'un "dépassement" de l'analogie stricto sensu.
Identification et idéalisation constituent peut-être,
sur un autre plan, les deux puissances de l'expérience.
Quand Deleuze parle d'un phénomène de "désexualisation"
lié à "la constitution du moi narcissique et
la formation du surmoi" - où la libido est conservée,
mais comme étant neutralisée, insensibilisée
- il le confond avec "un processus d'idéalisation,
qui constitue peut-être la force d'imagination dans le moi"
et "un processus d'identification, qui constitue peut-être
la puissance de la pensée dans le surmoi". Cf. G.Deleuze,
Présentation de Sacher-Masoch, Minuit, 1967, p.117.
87 N.Nicolaïdis, La théophagie/Oralité
primaire et métaphorique, Dunod, 1988, p.85. "En
résumant : au commencement, il y a une force perceptivo-sensorielle
qui préside à la relation mère-enfant; cette
force provoque une précipitation du bébé
vers l'objet du désir; on dirait que l'image de l'objet
du désir aimante le bébé. Dans le pictogramme
(P.Aulagnier) et dans le côté hiéroglyphique
du langage (N.Nicolaïdis), il y a une sorte d'attraction
permanente vers l'image des objets qu'ils représentent.
Une durée excessive de cette force perceptive (aimantation
vers l'image de l'objet du désir) freinerait toute élaboration
représentative, à savoir la conversion de la perception-sensation
en représentation (imaginaire-fantasme-parole)."
88 selon également l'énoncé
bataillien toujours double d'un rapport à l'objet; "j'ai
pénétré par une vision..." et "l'objet
m'atteint jusqu'à l'extase". Rapportons les développements
de Nicolaïdis à propos de cette "force perceptive"..."nous
pouvons émettre l'hypothèse que cette force naturelle
et perceptivo-sensorielle réapparaît, dans toute
sa fraîcheur, pendant le point culminant du vécu
psychotique, c'est-à-dire pendant les moments où
le sujet fonctionne en employant des défenses psychotiques.
L'expression psychopathologique de ces défenses se traduit
par un mécanisme que nous appelons imageant, qui se manifeste
rarement par des hallucinations visuelles (régressions
organiques ou toxiques) mais, le plus souvent, par des hallucinations
auditives ou des idées délirantes.(...) Le mécanisme
est donc imageant ou perceptif, ce que n'est pas forcément
le contenu, dans le sens où ce mécanisme emploie
la force perceptive qui s'impose au sujet (conviction délirante
ou hallucinatoire).(...) La conséquence de la persistance
de cette force perceptive apparaît dans les mécanismes
des organisations psychosomatiques, en l'occurrence dans la pensée
opératoire. En ce sens, la discordance entre représentant-affect
et représentant-représentation chez les "opératoires"
est due en partie à l'intensité de cette force.
Cette discordance produira un préconscient mince, non fluide
et inconstant (P.Marty). Le dysfonctionnement de ce préconscient
défaillant dans son travail de liaisons-déliaisons-reliaisons,
permet à la force perceptive de transmuer les représentants-représentations
en "complexe de mots-perceptions" (M.Fain, 1985) et
de geler les représentants-affects." (ibid. p.85-87.)
89 La ressemblance informe, op.cit.,
p.80-81. Et, p.126, invoquant chez Bataille "un jeu de forme,
un motif visuel qui pût conjoindre l'étal et l'écorchement,
l'exhibition spectaculaire et le décharnement, qui n'est
à tout prendre qu'une ouverture visuelle de l'intérieur
des corps, leurs tréfonds dépliés, et donc
la décomposition entière de leur "figure"
vivable, close, familière".
90 "Dans la représentation
de l'inachèvement, j'ai trouvé la coïncidence
de la plénitude intellectuelle et d'une extase", in
O.C. V, Le coupable, p.261. Quelles questions doivent être
posées dès lors que "connaissance" et
"perte de connaissance extatique"
s'équivalent ? "Etre", "substance",
font place à
l'"inachevé". "Il y a identité de
l'objet et du sujet (l'objet connu, le sujet qui connaît)
si la science inachevée, inachevable, admet que l'objet,
lui-même inachevé, est inachevable" (ibid.,
p.260).
# O.C. V, L'expérience intérieure,
p.20.
92 O.C. V p.21.
93 O.C. V, p.11.
94 O.C. V, p.267.
95 O.C. V, p.214.
96 G.Bataille, Projet d'une conclusion
à "L'érotisme", op.cit., p.88.
97 O.C. V, p.89.
98 Cf. p.90. Est malgré tout
recherchée "l'unité des perspectives multiples"
résultant de "rapprochements judicieux".
99 O.C. XI, Postulat initial , p.231.
Cf. O.C. V, Méthode de méditation, p.218.
100 O.C. XI, p.231.
101 A l'excès de phénoménalité
répond un excès de pensée; le concept et
l'objet apparaissent en fonction d'une intensité culminante.
Pour Nietzsche, "L'image et le concept naissent quand une
force productive forme quelques stimulations données :
fait une "apparition"" (in Fragments posthumes
- printemps-automne 1884 - , op.cit., p.108). L'affect est la
forme et l'état d'intensité simple dont l'évaluation,
l'abondance ou la pénurie sont la condition de formation
d'une pensée, d'une politique, d'une corporéité
supérieures. L'économie des affects de Nietzsche
va dans le sens d'une transfiguration et d'une conversion des
affects antagonistes, de basse ou de haute tonalité, en
"sentiments de force jaillissante"(cité par J.Sojcher,
Nietzsche/La question et le sens/Esthétique de
Nietzsche, Aubier
Montaigne, 1972, p.55) s'élevant jusqu'à
une simplicité, la simplicité du sommet et de l'instant.
"Les concepts naissent en tant qu'images auditives qui rassemblent
une multiplicité, d'images visuelles symboliques"
(ibid., p.76) - dépendant d'une évaluation, d'un
"tenir-pour-vrai au commencement!" (ibid., p.71, f.Fragments
posthumes / Automne 1887-Mars 1888 , op.cit., p.29 : "la
volonté de vérité en tant que volonté
de puissance".), où le mot-source, ou l'image-source,
est une sensation, et où l'intellection qui en fait la
vérité est aussi une sensation tirée d'un
domaine d'affects, et qui s'objective. La contestation bataillienne
est en elle-même une faculté de représentation;
elle appartient encore au plan de l'expérience, semblable
à l'impulsion nietzschéenne qui "s'objective"
en retournant sur soi, servant le procès de la rectification
des sensations et des affects qui conduit à la totalité
de l'instant où surgit l'unité de sens et de pensée.
Quel lien entre l'affect et la "force productive" (de
formes), ou une "explosion de force" (Fragments posthumes
- printemps-automne 1884 - , op.cit., p.77 :
"Volonté ? Ce qui a proprement lieu dans tout
sentir et tout connaître
est une explosion de force : sous certaines conditions (intensité
extrême de sorte qu'un sentiment agréable de force
et de liberté naît dans le même temps) nous
nommons cette façon d'avoir lieu
"vouloir".") ? "L'action qu'exercent les
pensées l'une sur l'autre
(dans le domaine logique) est une apparence - il s'agit d'une
lutte des affects" (ibid.). Sojcher déclare que, pour
Nietzsche, "derrière toutes ces formes se cache le
mouvement indivis de la mise en forme, la force qui toujours se
répète semblable à elle-même, infinie,
traversant et organisant toute finitude" (in op.cit., p.46).
Cette force formatrice ne peut être la preuve ni d'une subjectivité
ni d'une objectivité; elle le "ruissellement"
bataillien qui unifie toute existence parcellaire, séparée.
102 O.C. I, L'apprenti sorcier, p.526.
103 G.Didi-Huberman, La ressemblance informe, op.cit., p.83. | 104 ibid. p.141. |
105 Cf.G.Wehr, Jakob Böhme, in
Cahiers de l'Hermétisme, Albin Michel, 1977, p.75-76. Le
"centrum naturae" de Böhme et de Baader rappelant
le Weltinnenraum de Rilke auquel conduit une inversion du regard.
106 O.C. V, p.390-391.
107 Cf.H.Damisch, Du mot à l'aspect,
in Georges Bataille après tout, Actes du Colloque, Belin,
1995. Et R.Gasché, L'avorton de la pensée, L'Arc,
1990, p.14) : "Ces décisions capitales, Bataille les
appelle aspects, par opposition aux mots : ils introduisent les
"valeurs décisives des choses". (...) En tant
qu'image, l'aspect substitué au mot "représente"
(ou indique) une valeur décisive et cachée. Le marquage
des processus par ce que l'on désigne comme étant
dans le langage - en grammaire - l'aspect des verbes, sont des
"aspects" encore trop éloignés de la "présence"
(d'actions, de procès), dépendants de règles
de grammaire, et de la conjugaison, qui ne sont pas supposées
être pour Bataille des règles d'expérience.
H.Damisch note "que Bataille ne parle nulle part du fruit,
ni des graines que porte la plante, la fleur une fois fanée"
(p.95), parce l'"aspect" est aussi désignation
de mouvements. P.97, H.Damisch remarque le privilège des
mouvements (vers le haut, vers le bas, "érection et
grouillement latéral"). Ces mouvements sont la contradiction
en acte, la contradiction vivante, dans la contiguité exemplaire
de l'épanouissement et de la méditation, dans le
mouvement paradoxal de la déhiscence (cf. O.C., V, p.265).
En effet, les mouvements de l'hétérologie "en
acte" appartiennent aux choix obscurs du vivant... Et ces
aspects sont figurations de tendances, des mouvements d'extase,
aspect du "tourbillon qui te compose" et du ruissellement
qui nous liquide.
108 R.Char, Partage formel, in Fureur
et mystère, Gallimard,1967, p.65.
109 O.C. V, p.379.
110 La saisie d'un objet est rendue
possible par sa représentation, où l'imagination
a pouvoir de susciter le contenu objectif et de lui associer d'autres
déterminations, ainsi que depuis l'intuition d'un objet,
l'on peut évoquer l'image d'un autre objet lié au
premier.
111 in op.cit., livre III, §12,
p.120.
112 B.Susini, ibid., p.263.
113 Cf. H.Maldiney, Regard parole
espace, L'Age d'Homme, 1973, 1994, p.136.
"Erwin Straus nomme moment
pathique cette dimension intérieure du sentir, selon laquelle
nous communiquons avec les données hylétiques, avant
toute référence et en dehors de toute référence
à un objet perçu". Cette intériorité
du sentir suspend originairement la stabilité de la polarité
sujet-objet.
114 O.C. V, p.380.
115 O.C. V, p.381.
116 Cf. J-P.Vernant, op.cit., p.244-247.
117 Ducrot et Todorov,Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Seuil, 1972, p.207. | 118 ibid., p.252. |
119 O.C. V, L'expérience intérieure,
p.175.
120 Cf.E.Panofsky, La sculpture funéraire/De
l'ancienne Egypte au Bernin, Flammarion, 1995, p.67. ..."la
représentation au vif, à savoir l'image de la personne
entière (le totus homo d'Erasme), paré comme l'exige
son état et sa dignité et non affecté par
la décomposition, était opposée à
la représentation de la mort (normalement baptisée
transi), image du corps mort couvert tout au plus d'un linceul
et réduit à l'état de squelette ou laissant
apparaître les traces effroyables de la putréfaction".
121 O.C. VI, Sur Nietzsche, p.167.
122 O.C. V, L'expérience intérieure,
p.147. Il y a dans ce vaguement toute l'inhérence irréelle,
hallucinatoire, et néammoins d'une force excessive, de
la "forme rêvée" prenant corps.
123 O.C. V, p.479.
124 O.C. V, p.480.
125 O.C. V, p.58.
126 O.C. V, p.59. P.Reymond a fait remarquer
la présence d'un terme hébraïque dans l'Ancien
Testament : en, pouvant désigner à la
fois : source,
eau, pluie, urine, sperme, larmes, ainsi que, plus occasionnellement :
mer, abîme,
étang / in L'eau, sa vie, et sa signification
dans l'Ancien Testament, (Thèse n°480) Leiden, E.J.Brill,
Faculté autonome de Théologie de Genève,
1958, p.256).
127 O.C. I, Chevelures, p.496. Les chevelures
expriment une précipitation de la pensée hors de
soi. Cheveux, racines et rayons, qu'évoquait Blake dans
le Livre d'Urizen : "Les cheveux sont les rayons célestes,
les racines par lesquelles descendent en l'homme les énergies
divines".
128 M. Loreau, La peinture à l'oeuvre et l'énigme du corps, Gallimard, 1980, p.15. | 129 ibid., p.16. Cf. les pensées de Marcel Duchamp, ou de Josef Beuys, où les forces (l'électricité, l'hydraulique...) répondent de l'activité humaine, de sa propre énergétique dont les manifestations physiques sont les seuls symboles. | 130 ibid. p.41. | 131 ibid., p.74. | 132 ibid., p.75. |
133 S.Mallarmé, Oeuvres complètes,
Gallimard, Pléiade, 1945, p.53.