les cent sonnets
La vie ressemble à ces sonnets que je fignole Comme produit ses fruits le patient pissenlit. Aussi peu s'en soucie le passant qui les lit Que des graines des fleurs au jardin, qui s'envolent. Le plus souvent, bien sûr, ces textes sont frivoles : Menus propos badins que la rime embellit, Rêves incohérents notés au saut du lit, Souvenir de leçons entendues à l'école. Mais certains jours je dois dire un mot plus sérieux, Examiner mon coeur et passer aux aveux ; A ce genre d'écrit, malhabile est ma plume. J'aime mieux débloquer, fabuler, plaisanter, Et mon rire aime mieux que mes larmes chanter, Puisque l'oeil de l'esprit dans le rire s'allume. * * * un recueil En ouvrant mon courrier le trois novembre au soir, Je découvre un ouvrage à couverture grise, Non que ce fût pour moi la totale surprise, Mais voilà qui me fit vraiment plaisir à voir. Dans l'antre calme où j'ai coutume de m'asseoir, Je bois paisiblement ma bière à la cerise, J'entame ma lecture et je me mets aux prises Avec les mille éclats de ce précieux miroir. Je reconnais ici mes compagnons de plume, Tantôt ils me font rire, et mon regard s'allume, Tantôt je suis troublé de sentiments divers. Pour notre anniversaire et pour tous ceux qui viennent, Que mes voeux de bonheur jusqu'ici vous parviennent, Merci pour ce soleil à l'entrée de l'hiver. |