Une stèle
Une pierre qui parle enseigne un monde, en vers ; Explique-t-elle aussi nos coeurs inconsolables, Nos minutes formant chacune un grain de sable Dont plusieurs contenaient, peut-être, un univers... La pierre ni les mots n'ont de penchant pervers. Le scribe qui orna de ces signes la table Suivait, à tous égards, des codes respectables (Sauf à ce qu'il traça, peut-être, à son revers). Or, ce scribe n'a pas un immense mérite Pour avoir simplement observé les bons rites ; D'une antique sagesse il était le vecteur. Puissions-nous imiter ce propos salutaire, Même si ce forum n'est pas un sanctuaire : Et si nous y manquons, indignez-vous, lecteurs. |
Un conteur
Que suis-je, un archiviste, un vieux conteur, un barde ? J'aime juste parler des choses que je vois, J'aime écouter le son que fait ma propre voix, Ou sourire aux amis qui mes textes regardent. C'est pourquoi dans le soir au bureau je m'attarde Qu'avant l'heure pourtant j'ai quitté maintes fois. Je pourrais composer des sonnets sous mon toit, Si j'habitais encore une étroite mansarde. Mais je mène la vie d'un père de famille, Ainsi mon agenda de minuties fourmille Et chez moi j'aurais peine à tracer quelques mots. Donc à mon employeur ira ma gratitude Qui me laisse parfois un peu de latitude Pour évoquer les chats, et d'autres animaux. |
Un ermitage onirique
J'ai rêvé que j'étais dans un exil lunaire Sous la forme d'un chat, posé sur le croissant, Voyant au loin la Terre et son jour finissant, Et les mers reflétant les derniers feux solaires. Mon coeur était rempli de joie crépusculaire. Le ciel autour de moi, tout en s'assombrissant, Se peuplait de lueurs tour à tour surgissant Et se rangeant autour de l'étoile polaire. Dans ce monde où régnait un éternel silence, Je pus épanouir ma native indolence, Sans regretter de trop l'absence de rongeurs. Réveillé ce matin, je suis loin de la lune, Mais j'y retournerai, si par bonne fortune Le même rêve advient en mon esprit songeur. |
Suivre les liens
Un mot écrit en bleu sur ces étranges pages Sert à vous renvoyer vers d'autres horizons, Vers des textes écrits dans une autre saison, Vers des idées issues d'un autre découpage. La méthode n'est pas sans quelques dérapages, Mais le lecteur, toujours guidé par sa raison, S'oriente dans les liens surgissant à foison, Abordant à bon port et sur la bonne plage. Autrefois, on pouvait, sur les pages d'un livre Indiquer au public plusieurs pistes à suivre : Un lecteur paresseux, souvent, n'en faisait rien. Plus forts sont, maintenant, les liens entre les textes ; Plus difficile aussi de trouver un prétexte Pour ne pas aller voir, d'un clic, le bout du lien. |