Deux bureaux même pas voisins
J'ai rêvé que ma muse entrait dans mon bureau, Où je n'avais, ce jour, compagnon ni compagne. Par la grande fenêtre on voyait la campagne Traversée d'écureuils, de biches, de blaireaux. Ayant illuminé ma prison sans barreaux, Elle a su triompher de l'ennui qui me gagne Quand les tas de papier, comme autant de montagnes, Semblent intercepter les rayons vespéraux. Sans le bureau, ferais-je autant d'alexandrins Et trouverais-je autant de modestes refrains Pour transmettre aux amis mes rimes quotidiennes ? J'ai écrit ce sonnet sans savoir où j'allais, Comme je fais souvent. Qui a dit qu'il fallait, Pour composer des vers, que des idées nous viennent ? |
Une hibernation
Or, certains jours sont beaux, au milieu de l'hiver, Déjà, chacun d'entre eux est plus long que la veille ; D'un petit souffle tiède, un chacun s'émerveille Et fait confiance au cycle animant l'univers. Silencieux et pensif devant un bourgeon vert, Ou quand l'oiseau chanteur en plein frimas s'éveille, Ou quand bourdonne un peu une dormante abeille, Je ne sais pas montrer ces choses dans mes vers. Je ne sais pas montrer l'attente, la langueur, La tiédeur des instants qui traînent en longueur, Les mots de réconfort que murmure la brise. Je ne veux pas montrer l'ambiance de bureau, Où l'humour fait le tour de son degré zéro, Sur fond de résultats dignes de l'entreprise. |