encore un sonnet
Cochonfucius vu par Stéphane Cattaneo








Cette intervention prend la forme d'un sonnet.

S'agit-il d'un sonnet nocturne ? Peu importe.

un rêve de voyage

J'ai rêvé que le vent emportait ma mansarde.
Tant bien que mal, j'étais cramponné au plancher
Devenu vertical à force de pencher,
Et machinalement, j'ai dit « Que Dieu me garde ».

A moitié rassuré, je me penche et regarde
Un fleuve dans les prés en train de s'épancher ;
« Petit abri volant, pas question de flancher,
Vole droit devant toi, d'arriver il me tarde. »

D'arriver, mais où donc ? Je n'en savais trop rien,
Mais j'étais si heureux du parcours aérien
Que d'ignorer mon but n'était pas un problème.

Le vent n'a pas de but et les songes non plus.
Ce n'est pas seulement ce long vol qui m'a plu,
Mais surtout d'en parler avec quelqu'un que j'aime.




En écho :

Consolation précaire

Je rêve chaque nuit de traverser le ciel
Pour aller fréquenter les confins maritimes
Où je vois ta maison. Mais je n'ai que ces rimes
A t'offrir ce matin, qui n'ont point goût de miel.

Ce qu'on nomme destin n'est pas providentiel,
Nulle joie transcendante en nos moments ultimes.
Mais j'aime cette vie, pourtant, et je l'estime,
Ce qu'elle a de mauvais, je le dirai véniel.

Puisque nos rêves sont des rêves de lumière,
Puisque nous savons jouir de diverses manières,
Notre vie quelquefois prend un sens, ici-bas.

Et si tu me réponds que ce sens est tristesse,
J'embrasse tes deux yeux, partageant ta détresse,
Le malheur peut briser, mais il n'efface pas.