Io Kanaan





Io Kanaan voudrait imiter la noble sagesse de Cochonfucius en ce siècle.





Cependant, les amours et les amitiés ne lui font pas oublier le labeur quotidien...



Pâle reine des nuits où règne le silence,
Tu fais de l'océan sourdre un flot colossal,
Lui qui, aussi longtemps que dure ta présence,
De ses plus hautes eaux se fait ton fier vassal.

Quand le vaisseau lunaire a pris trop d'altitude,
Quand il s'est enfui loin des grands flots écumants,
L'océan à grands flots pleure sa solitude,
Et de ses basses eaux il marque son tourment.

Toi qui as dans mon coeur fait brûler la passion,
De te chérir, j'avais douce réjouissance,
Et dans les basses eaux de la séparation
De précédents retours m'aide la souvenance.

Retours, éloignements sont choses qui arrivent,
Hautes et basses eaux en mon coeur s'entresuivent.


   Io Kanaan

...ni les miracles innombrables qui s'accomplissent ici et là dans le vaste monde.



L'épouvantail s'est senti lourd,
Et las de rester au soleil.
Hélas, que de temps sans sommeil,
Sans promenade et sans amour.

Planté là dans le vent marin,
Sans jamais parler à personne ;
Sans qu'heure joyeuse ne sonne,
Planté là comme un mandarin.

Sans pouvoir manger un seul fruit.
Enviant moineaux et moinelles
Et plus encore une hirondelle :
Heureux qui dans les airs s'enfuit !

Son rôle lui a tant pesé
Que l'épouvantail en révolte
Cessa de garder la récolte,
En corbeau métamorphosé.


Et peut-être que, mort, le Petit Prince arrose
La fleur que de revoir il eut soudain envie.
Ou alors, il lui lit des vers et de la prose
Pour montrer que vraiment, il est encore en vie.

Plutôt que d'achever des litres, Io Kanaan préfère acheter des livres (c'est pour les partager avec les camarades), ou aller au théâtre en Chine, afin d'entendre quelques paroles de Neige qui sont souvent une inspiration poétique.

          Un instant de joie, au début d'avril
          de la neuvième fructification


                    Le printemps commence à peine,
                    Je n'entends rien à la mort.
                    Que six mille autres jours viennent,
                    Chacun rend mon coeur plus fort.




Dans les églises, Io Kanaan se souvient de son cousin qui fut le fils d'un charpentier, et il prie :


In Memoriam Nazareni


Le fils du charpentier est le dieu des poètes.
Il a vécu sa vie comme un songe étonnant
Dans lequel il était Créateur et prophète,
Père, Fils et Esprit sur le monde tonnant.

Jean-Baptiste, qui fut un fier anachorète,
Vit en lui un Seigneur, et, un jour lui donnant
Un peu d'eau sur son front lors d'une grande fête,
Reçut la confession qu'il fit en fredonnant.

Cloué par les soldats sur le bois de justice,
Il dit de retenir la date du solstice
Pour marquer sa naissance et le règne du Bien.

Tous ses mots recueillis par ses mille disciples
Font un livre qui dit la gloire du dieu triple ;
Ce livre est excellent, mais ce n'est pas le mien.











filleul


Filleul du charpentier


Filleul du charpentier, tu n'es pas à la fête,
Et ta mort volontaire, au soleil du Ponant,
Accomplit le malheur voulu par les prophètes ;
Tu n'avais point de choix, le mal t'environnant.