Déjà fort âgé, Yrotcerid fut transformé en pelgrane rouge par une magicienne qu'il avait prise, un instant de trop, pour une servante de la Il décida alors d'utiliser sa nouvelle apparence pour vagabonder dans les zones agitées de la planète Milpodvash et de son satellite. Il entreprit, à travers le continent du Nord-Ouest, une série d'expéditions mal organisées, et souvent totalement ratées, mais d'autant plus savoureusement décrites dans son Journal de route. | ||
Le parcours du jeune
Marcel Plumenoire
le long des mauvaises
routes du continent du Nord-Ouest lui est imposé par les chefs successifs de la Garde Malacandrienne.
Leur Etat-Major a décidé que, face à une révolte milpodvashienne, un pelgrane rouge et
un pluvian géant auraient un effet dissuasif.
Mais ce plan
comporte une lacune. Les insurgés se moquent totalement de ce que font le pelgrane, le pluvian et le soldat
terrien parti en exploration. Ils règlent tranquillement leurs comptes entre eux et avec les occupants,
ignorant superbement nos trois visiteurs qui le leur rendent bien.
S'il
n'y avait, en toile de fond, les aspects tragiques de la guerre qui ravage le continent, tout irait donc pour
le mieux. Mais Marcel Plumenoire y apporte un regard souriant, et, au fil des jours, il apprend beaucoup de
choses.
C'est, entre autres, parce qu'il s'impose cette discipline
de tout noter au jour le jour. Les habitants de la planète s'humanisent à ses yeux. L'absurdité de la
guerre, il n'ose la dénoncer explicitement, mais elle transparaît tout de même.
Un épisode hautement emblématique de cette lamentable
odyssée place notre héros en face d'un Malacandrien tapageur. Cela se passe le jour de la procession des
Saucisses Solipsistes. Le Malacandrien ayant brandi ses armes, Marcel Plumenoire lui administre un coup de poing qui
l'envoie au tapis. Seulement, ce n'était pas un aborigène malacandrien, mais l'espion
terrien, habilement déguisé pour l'occasion. Marcel Plumenoire se confond en excuses.
Conservant sa bonne humeur, le trio continue ses missions, puis,
de retour sur Terre, ils publient leurs carnets de route. Ils prennent alors conscience qu'en
ce monde, un humble citoyen n'est qu'un Milpodvashien pour ceux qui nous gouvernent. C'est sans doute
la grande leçon qui se dégage de cette impubliable chronique, ou doit-on dire de ce
merveilleux parcours initiatique ?