sur le plaisir
Le plaisir se nourrit de l'imagination Et l'imagination se nourrit de jouissance. Chaque extase est au corps comme une renaissance, Un lever de soleil, une illumination. Tel un prêtre au matin de son ordination, Tel l'alchimiste ayant trouvé la quinte essence, Tel l'écrivain rempli de sa réminiscence, L'amant comblé se meurt dans la jubilation. A ce plaisir, bien peu se montrent comparables, Car même d'un gourmet l'ivresse mémorable N'est point à la hauteur, et je le reconnais. Or, si j'ose chercher, dans l'ordre du sublime, Ce qui peut approcher de ce triomphe ultime, Je trouve le bonheur d'avoir fait un sonnet. |
La plume
Qui dira les pouvoirs d'une vibrante plume Quand la partie adverse est imprégnée d'écume Quand les corps sur le lit sont des bestiaux qui fument Coeur contre coeur battants deux silex qui s'allument Puis la plume devient la pénétrante lame Qui s'introduit au fond d'un volcan plein de flammes Dans l'écho des deux voix qui leur bonheur proclament Tandis que dans les airs des anges les acclament Oubliant cette vie oubliant nos problèmes Perdus dans cette danse en forme de poème Devenant de l'amour le composite emblème Soudain quand nos deux corps ne trouvent plus la rime Ils quittent à regret les rivages sublimes Tremblant à l'unisson dans un soupir ultime |