Pour la dame de mes pensées
N'allons point nous livrer à la mélancolie, (Est-ce là le devoir d'une âme envers une âme ?) Celle qui aujourd'hui ces beaux vers me dédie N'évoque rien pour moi de triste ni d'infâme... Le monde d'un poète est jardin de folie, Les plus beaux nénuphars poussent où nul ne rame. Nos âmes vont cherchant une rime jolie, Et d'amour de ses mots la rime nous enflamme. Car les plus beaux récits sont les inachevés, Les plus belles passions celles qu'on n'a pu vivre ; Cet esprit est usé, mais pas démotivé. Lorsque du jour dernier la trompette de cuivre Dira « Mourez, mortels, ce monde est lessivé. », Alors c'est notre amour qui devra nous survivre. |
un exorcisme
Sans ces mots, nous irions vers le côté obscur ; Avec eux, notre mal de vivre se déchaîne. Or, ne nous dites pas que la chose est obscène : Un poète a le droit d'écrire sur un mur. Ne dites pas, non plus, que le langage est dur. Il peut charmer le spleen, et adoucir la peine ; Il peut mettre un sourire aux lèvres d'une reine, Il peut aider un coeur à se rendre plus pur. Comme un petit Poucet jonchant le sol de pierres, Ou comme un pèlerin qui sème des prières, En les marquant de mots j'ai parcouru ces lieux. Prends ton temps, toi qui lis, prends ton temps pour les lire, Il m'a fallu du temps pour savoir te les dire, Mots venus du profond de mon coeur déjà vieux. |