le surmoi
Dialogue entre raison et violente passion Au dedans d'une tête induit la crispation : Aux désirs de fusion, aux amoureux mirages, La crainte du malheur oppose son barrage. Mon surmoi dans mon crâne est son propre maton, Il se tient tout rigide avec son gros bâton, Il est là tout le temps, moi qui aime l'orage, Il m'interdit l'abord des orageux parages. Mais mon coeur en fusion n'est pas moins amoureux, Et d'un pareil amour il n'est pas moins heureux Que s'il pouvait plonger comme un amant fidèle Dans la douce chaleur de ce lac de beauté Pour croquer des fragments de son éternité : Et, sans pouvoir voler, j'entends un grand bruit d'ailes. * * * Heidegger devant la porte Connaissons-nous l'amour, au-delà des symptômes ? L'art qui se développe à l'étage inférieur Est dépourvu d'index aux niveaux supérieurs : Nul ne cite Heidegger au métaphysiodrome. Naviguant à la voile, attention à la bôme Qui traverse le pont et frappe les meilleurs. De là tu reconnais les bons navigateurs : Ceux qui restent sereins même quand ils se paument. La mer ne s'ouvre pas lorsque le crépuscule Engloutit le soleil, ce serait ridicule. Mais un poète voit parfois la chose ainsi. Forum n'est pas taverne où nous boirons ensemble. Nous n'en sommes pas loin, pourtant, à ce qu'il semble : C'est ce que je ne peux développer ici. |
une pieuse retraite
Je traîne la savate aux environs d'Albi ; Au bord de mon chemin je vois un monastère. Trois moines en latin chantent les vieux mystères, Besoin d'un quatrième, ils m'offrent un habit. De nos quatre gosiers, le grégorien vrombit, Et son enchantement se répand sur la terre ; Bientôt surviendra l'heure où l'on se désaltère, Moines toujours pour boire ont de bons alibis. Quand nous aurons bien bu, au plus chaud du dortoir Dans quatre lits carrés, dormant comme des loirs, Tous quatre nous ferons des rêves de chanoines. Demain, aux premiers feux du grand soleil radieux, A mes trois compagnons je ferai mes adieux. Sinon, au bout d'un temps, l'habit ferait le moine. * * * Pour une chanson Merci pour ta parole amoureuse qui chante, Même si certains jours elle chante un tourment. Quand l'amour te transforme en un tel instrument, Tu nous fais éprouver des vibrations touchantes. Lorsque je continue ma promenade lente, Je vois une inconnue qui sourit en dormant, Rêvant, sans aucun doute, à son prince charmant, Tandis que le métro la transporte, indolente. Merci pour ta chanson qui est joyeux présage, Merci pour la douceur du calme paysage Que par ces quelques vers, tu viens de dessiner ; Ainsi, dans ce fatras du meilleur et du pire, Quelqu'un trouve parfois des raisons de sourire, Et le jour monotone en est illuminé. |