Le miroir et la chandelle
Mes textes composés aux lueurs des chandelles Sont démultipliés par d'étranges miroirs. Lectrices et lecteurs viennent alors les voir ; Parmi ces visiteurs, quelques-uns sont fidèles. Ils ne verront ici aucune idée nouvelle, Ni leçon qui viendrait renforcer leur savoir, Ils trouvent de mon coeur les naïfs désespoirs Et, malgré ces derniers, que je vois la vie belle. Pourquoi l'alexandrin et pourquoi le sonnet ? Un auteur qui ni l'un ni l'autre ne connaît Ferait sans doute mieux d'écrire de la prose. Oui, mais c'est ma vision et c'est mon univers, Mes personnages qui veulent parler en vers, Le prince, le renard, le serpent et la rose. * * * Trouble ronsardien Le miroir se regarde au feu de la chandelle. Il s'inquiète du jour finissant et filant Si précipitamment, en ayant l'air si lent. Il reconnaît pourtant que la journée fut belle. Ce qu'elle a de plus beau, c'est qu'elle est sans nouvelles, Nul n'aura le besoin d'en faire le bilan. D'où vient ce sentiment, tracas obnubilant, Fantôme du reflet d'une angoisse éternelle ? Le grand salon l'ignore, et, tranquille et dispos, Dans le soir ténébreux se prépare au repos. Le miroir garde en lui cette crainte accroupie, Envers qui la chandelle a montré du dédain. Allons, faut vivre avec, ça ira mieux demain, Obscures sont parfois les choses de la vie. |