Vagabondages
Mes souvenirs d'été : souvenirs de voyages, Lorsque j'étais bien jeune, étudiant et sportif. La route et le soleil, et mon vélo rétif Ont gravé dans mon coeur ces vieux vagabondages. Pédalant, essoufflé, sous le ciel sans nuages, Sans pouvoir espérer le moindre apéritif Sinon l'eau d'un ruisseau, sous les arbres, furtif Et apaisant, discret, assez loin des villages. Les courtes nuits d'été à dormir sous la toile Après avoir longtemps admiré les étoiles : Quel merveilleux sommeil, aux rêves miroitants... Du début de l'été à la fin, solitaire, Je n'étais amoureux que de toute la Terre, Des horizons lointains et puis de l'air du temps. Suivre les arcs-en-ciel Allons marcher, dit-il, où sont les bouquinistes, Sur les bords de la Seine ils nous accueilleront, En me reconnaissant, bouteilles trouveront ; Prenons le verre en main, car, vraiment ils insistent. Suivre les arcs-en-ciel, c'est une bonne piste, Vers de plus beaux jardins, derrière eux, nous irons, Et Paris a aussi de charmants environs Qui ont su autrefois inspirer les artistes. Ou bien nous flânerons comme des étourdis Sans que de nos soucis nos coeurs soient alourdis, Avançant tout au long d'un sentier invisible. Les villages discrets où vivent mes copains Ont des auberges qui proposent du bon pain, Dans des salles vibrant d'une rumeur paisible. |
une danseuse
Sous une lune bleue dansait une inconnue, Elle était jeune et pâle, énigmatique et nue, Le fleuve lui baignait à peine les mollets ; Tout en la contemplant, mon esprit s'envolait. On ne m'a jamais dit ce qu'elle est devenue, Et je ne savais pas d'où elle était venue, Comment elle vivait, ni ce qu'elle voulait. Le fleuve sur ses pieds doucement s'écoulait. Hélas, de ce grand livre il faut tourner les pages En survolant de loin les plus charmants passages, Et peu de temps après, il faut le refermer. La lune reviendra sur ce fleuve paisible, Et la danseuse aussi, mais plus imprévisible, Notre esprit, de nouveau, en sera désarmé. un flâneur Flâner, que faire d'autre en ce monde insipide ? Sur ce dernier plaisir, ne tirons pas un trait. Flâner plus que bosser a de charmants attraits, L'esprit, quand vient le soir, s'en trouve plus limpide. Ou si tu veux rester producteur intrépide D'excellents résultats, va donc, ne te soustrais Pas au sombre labeur, donne-nous le portrait D'un segment du réel, de ton pinceau rapide. D'une part le sérieux bilan de l'existant, D'autre part un envol vers des mondes distants, Choisis ton élément, choisis ton paysage. Pour entreprendre il n'est pas besoin d'espérer, Ni de réussir pour vouloir persévérer, Avance, et ne sois pas déçu de ton voyage. |