le rêve du rhinocéros
Cochonfucius vu par Stéphane Cattaneo








Cette intervention raconte un rêve du rhinocéros.


Le rhinocéros s'endormit dans son jardin. Il rêva qu'il était un chameau, visitant et piétinant ce jardin.


Jardin printanier
Mille reflets sur la vitre
Mille fleurs inverses.



Il y découvrit des choses bien étranges, par exemple, un conseiller municipal ayant élu domicile dans un lot de chaussettes.


J'aime marcher sur l'eau quand elle fait des vagues
Grimper sur un nuage et y rester dormir
Caresser le soleil et l'écouter frémir
Trinquer avec la lune et entendre ses blagues

Certains jours l'eau est plate on y marche quand même
Aucun nuage au ciel on s'endort dans l'azur
Nul soleil n'étant là je touche un ciel obscur
Si la lune est absente il reste ce poème



Mais quand on interrogeait le conseiller municipal sur les impôts locaux, il devenait un caleçon mauve, bien incapable de répondre.

Suis-je un demi pression ?, demanda le rhinocéros. Suivre les crampons d'une créature indigne, et détourner un poisson-chat de son saucisson de montagne, voilà deux choses que je ne ferai pas.

Malgré cette évidente provocation, le conseiller municipal gardait toujours le silence.

Si je lui donnais maintenant du boudin blanc, ce personnage retrouverait toute sa compétence. Mais les rhinocéros ne paient pas les impôts locaux, donc je préfère manger toute ma provision, du moins, quand j'en recevrai une.

Vouloir c'est pouvoir. Cochon au parloir !

Comme ça, devant tout le monde ?

Yes, en place publique, allez hop ! sourire.

Bon, je me lance.
J'ai toujours été amoureux de la poésie. Je n'avais jamais croisé de poète sauf dans les livres. Je suis comme le paysan qui aimait les images de dragons, et lorsqu'un vrai dragon s'approcha de lui dans son jardin, l'amateur de dragons fut rendu muet par cette rencontre.


Personne ne pourra te reprocher d'avoir dévié du sujet de l'hymne à l'amour.

Merci pour tes poèmes, merci pour ton sourire.


L'amour, entre nous chose éteinte,
Vint quand le soir me vit, furtif,
Jouer mon jeu, toi, dans la crainte,
Car l'amour, d'abord, est craintif ;

Graves amours, nos amours mortes,
Des moments de plaisir entier
Nous y trouvions de toute sorte ;
Marchons sur de nouveaux sentiers.




Alors survint une cigogne qui lançait des invitations à dîner.

Je connais mes fables. Surtout, si je suis invité et trompé, je devrai ensuite inviter et tromper cette cigogne trompeuse. Or, je ne sais pas tromper les animaux. Donc, je refuse poliment cette invitation.

Cependant, le jardin, à force de se faire piétiner, se transformait en un parcours du combattant, que suivaient des vaches difformes.

Première fois,
Parfois primaire ;
Mais quels émois
Dans ces galères.

Je me revois,
Amant sommaire
Au fond des bois,
Sur la fougère.

Trop courte nuit ;
Jamais, depuis,
Autant de sève...

Mais certains jours
J'y fais retour,
C'est un beau rêve.


Le rhino ne savait plus s'il était un chameau qui rêvait qu'il était un rhinocéros, ou le contraire. Des lucioles perverses squattaient toutes les branches des rosiers, et disaient aux créatures que leur heure pouvait se lire à une horloge de la mort.

Pas de quoi en chier une pendule ! Les rhinocéros n'ont pas peur des lucioles.