le sacre du funambule
Cette intervention
raconte le sacre du funambule.
Le funambule alcoolique quitta la ville des acariens dans le beau carrosse
du sacre avec son ministre, le cormoran de sable, et prit un repos d'une nuit chez les
libellules de sinople, où il donna une audience au
rhinocéros qui devait le sacrer
au petit matin.
Le matin venu, il assista à la malédiction des épluchures des navets du jardin.
Le rhinocéros, recouvert
d'une toile de gueules
et accompagné des douze pluvians
les plus chastes du royaume, lui offrit du foie gras sur des biscottes. Chaque pluvian eut droit à
une biscotte, mais seulement avec du beurre.
Le funambule fut conduit processionnellement vers la
Le rhinocéros lui offrit des poèmes transcrits sur des feuilles de papier usagées.
Puis il prit la parole d'une façon un peu décousue.
Mon ami, mon disciple, qu'il me soit permis de te transmettre les hommages de mes douze pluvians,
si recommandables par le grand amour avec lequel ces oiseaux remplissent leurs devoirs envers ma modeste personne.
Mon camarade, je sais depuis longtemps que, quoi qu'il advienne, sous un pont languit la noirceur,
fatigué du monde on insiste. Ce n'est d'ailleurs pas moi qui le dis, c'est un roi barbare
dans un texte qu'il composa pour célébrer la récolte des nouilles.
J'appelle maintenant sur toi la triple onction
du ciel de pingouin sylvestre, des demeures imaginaires et des corps elliptiques.
En plus, on va boire du vin blanc.
Le funambule vide un godet. Un pluvian entonne un hymne dans une langue bizarre.
On conduit processionnellement le funambule vers les latrines d'azur,
au plus profond du sanctuaire.
Toujours buvant du vin blanc, le rhinocéros lui fait entendre des insanités prophétiques.
Puis encore un sermon sur la vraie science, puis encore du foie gras.
Cinq cents libellules de sinople se mettent à voleter
dans le sanctuaire en effectuant des acrobaties
pour éviter de se faire bouffer
par le cartésien d'hermine.
Les licornes de carnation invisibles
vont et viennent dans tous les sens. Le funambule s'essuie les pieds avec un drap de tanné,
ce qui conclut le sacre.
Quel dimanche mémorable ! Que ne suis-je un chroniqueur.