encore un sonnet
Cochonfucius vu par Stéphane Cattaneo








Cette intervention prend la forme d'un sonnet.

S'agit-il d'un sonnet nocturne ? Peu importe.



Lumière ancienne

Adam parle aux oiseaux et se confie aux plantes ;
Ses interlocuteurs n'écoutent pas toujours.
La vie dans le jardin n'est pas trop exigeante,
Il faut dormir la nuit, veiller pendant le jour.

Adam voudrait avoir une correspondante
Qui serait son salut, son bonheur, son recours.
La chose, cependant, est loin d'être évidente.
Adam berce son rêve et la vie suit son cours.

Puis il trace des mots, quand survient la pénombre ;
Des mots ni lumineux, ni totalement sombres,
Et fugitifs, ainsi que les reflets du soir.

Il ne sait pas comment décrire une espérance,
Mais il peut évoquer de tendres souvenances
S'accrochant à son coeur, comme à un vieux miroir.


mes mots dans tes mots

Plus que toi, plus que moi, notre amour a su vivre.
Quand nous lui refusions nos textes et nos voix,
Il parlait à nos coeurs. Maintenant, je le vois,
Il est dans ta musique et au long de mes livres.

Si, dans le temps qui vient, rien ne nous en délivre,
Il aura le pouvoir, prenant force de loi.
Sous son commandement, nous n'aurons aucun choix,
Et cela jusqu'au point où nos coeurs seront ivres.

Puis il faudra dormir. Viendra le lendemain,
On sera fort sérieux pour se reprendre en main,
Aux violentes passions on donnera la trêve.

Mais reviendra le soir, et sonnera minuit
Et le sombre sommeil dissoudra les ennuis,
Ta voix dira des mots qui peupleront mes rêves.


* * *


      Dans la brume

      Du rire tu me fus souvent un doux présage.
      Mais mon coeur ne rit plus, du moins, pas ces temps-ci.
      Les cauchemars toujours se terminent ainsi,
      Emportant avec eux leurs tristes paysages.

      Rêver pendant le jour, ce n'est plus mon usage,
      Ni laisser mon éveil d'un songe être obscurci.
      Mais parfois, sur ce point, on me trouve indécis
      Et je cherche à revoir de merveilleux visages.

      Ce souvenir charmant fait délirer ma plume
      Ainsi qu'un voyageur égaré dans la brume,
      Trouvant et reperdant son chemin tour à tour.

      Te perdre et te trouver, ainsi fais-tu, ma vie ;
      Or, sans que ma personne en soit vraiment ravie,
      C'est ce que j'ai en moi, comme vie, à ce jour.