Le printemps
La poésie fleurit sur les douleurs tranquilles, Son tissage patient se veut consolateur. Nous n'irons plus nager au large de notre île, Nous avons renoncé à franchir l'Equateur. Ton travail, mon travail, nos jardins, nos deux villes... Car nous ne sommes pas des oiseaux migrateurs. Nous sommes à un âge où l'on devient stérile, Le désir amoindri d'un froid libérateur. Soyons heureux pourtant car le printemps s'approche. Quand les choses vont mal, on fait face, on s'accroche, Une épreuve pour nous n'est rien qu'une leçon. J'écris à l'encre noire avec un coeur noirci. Obscur devient ce monde, et mon esprit aussi, Reviendra le printemps et sa douce chanson. une remembrance Du pays de mémoire un chant m'est parvenu Qui date de ce temps où je courais ma chance En allant t'admirer, à ta porte, en silence, Mon âme était limpide et mon coeur était nu. D'où vient que de ces soirs je me suis souvenu ? La mémoire a parfois d'étranges turbulences Et l'esprit au travers des temps anciens s'élance Dont il n'était, pour vrai, pas même revenu. Toi qui ne sais trancher entre veilles et songes Car chacun de ces deux dans l'autre se prolonge, Chacun des deux reprend de l'autre les tracas, Ma vie, ne te prends pas pour une tragédie, Tu seras un pastiche ou une parodie, Un paisible chemin vers un banal trépas. |