le serpent
Petit prince, sur Terre, une dernière fois, Tu puises de l'eau fraîche et, calmement, tu bois. Peu s'en faut désormais que le sable n'accueille La chute de ton corps léger comme une feuille. Etait-ce un sage avis d'avoir recours à moi ? Même un coeur de reptile, imperturbable et froid, Ne peut que se serrer quand l'univers s'endeuille D'un enfant comme toi. Prince, je me recueille. Si j'avais dû piquer un trop vieil aviateur Ayant perdu l'espoir et cassé son moteur, J'aurais dit « Cette mort n'est point la pire chose ». Mais je sais que tu es tout ce qu'il y a de vif Et que tu as voulu ce sort définitif Pour rien, pour moins que rien, pour l'amour d'une rose. |