encore un sonnet
Cochonfucius vu par Stéphane Cattaneo








Cette intervention prend la forme d'un sonnet.

S'agit-il d'un sonnet nocturne ? Peu importe.

encore un peu de silence

Si nous avons choisi, enfin, de nous déprendre,
Ce n'est pas un effet de culpabilité ;
Nous avons pesé nos responsabilités,
Même s'il est besoin pour nous d'encore apprendre.

A un bonheur commun nous ne pouvions prétendre,
Aussi proches que soient nos sensibilités,
De l'incendie éteint par la réalité
Ne sont point refroidies les braises ni les cendres.

Et si je ne vois plus danser la moindre flamme,
Les reflets n'en sont pas assombris dans mon âme ;
Trop loin du brasier mort ne saurais m'en aller.

Quand le serpent revient de sa mission cruelle,
Ses enfants demandant si la journée fut belle
Le voient sourire un peu, il n'ose leur parler.


* * *


      se perdre en forêt

      Comme un homme égaré dans la forêt profonde,
      Le poète au jardin est traversé d'effroi.
      Tout n'est-il donc que leurre et tristesse en ce monde,
      Qu'un acheminement vers le sépulcre froid ?

      Vainement aux entours jetant des coups de sonde,
      L'égaré ne sait plus comment sortir du bois.
      Sur un même sentier sa trajectoire ronde
      Le ramène toujours dans les mêmes endroits.

      Mais une goutte d'eau quelquefois sur sa lèvre,
      Le saut d'un écureuil, la gambade d'un lièvre,
      Lui font aimer pourtant la piste, au petit jour.

      Il est charmé surtout par l'apaisant silence
      Dont est souvent saisi notre univers immense ;
      Ce silence est prière au soleil des amours.