la vérité
Toujours l'homme a voulu savoir la vérité, Jamais il ne fut sûr qu'il s'agissait bien d'elle. Certes, c'est décevant, des vérités partielles, Mais du savoir total, nul n'en a hérité. Ceux qui ont religion pensent le mériter En servant tous les jours la puissance éternelle. Je ne le dénie pas, la conjecture est belle, Même les conduisant à des austérités. Mais sur un tel chemin je ne suivrai personne, Car à la dévotion ma vertu n'est pas bonne. Chercheur de vérité, non de révélation, J'apprends par les chansons, non par les théorèmes, Je lis les mots qu'écrit celle que de loin j'aime, La vérité pour moi est fille de passion. * * * Notre corps est un arbre Notre corps est un arbre, a déclaré l'ermite, Notre esprit un miroir, il faut l'épousseter. Ne se croyait-il pas porteur de vérité, Celui qui transcendait le réel et ses mythes... Ton arbre est dans un vase, a dit le cénobite, Et d'un endroit à l'autre il peut se transporter. Quant au miroir, tu peux tout un jour le frotter, Tu ne nettoieras pas les reflets qui l'habitent. Epoussetons bien l'arbre, arrosons le miroir, Car pour telle entreprise il n'est besoin d'espoir, Ni de succès non plus pour que l'on persévère. Les ayant accueillis dans ta méditation, Retiens de ces deux mots la signification : L'arbre, on en fait du bois, le miroir, c'est du verre. |