Le regard de Saturne
N'attends pas de la lune une douce chaleur ; Tu la crois lumineuse, or grisâtre est la sphère Dont te semble, de loin, voir la blanche couleur, Qui de sa vraie nature absolument diffère. Ne crois pas ce poète un homme de valeur ; Tu le crois inspiré, mon dieu, la belle affaire : C'est une convulsion qu'inspire une douleur Qui n'est pas éternelle et n'est pas mortifère. Un sonnet ne contient aucun sérieux message ; Un poète n'est pas un savant ni un sage, Il n'a de sens en lui qu'il ne l'ait détourné. La lune et la douleur parmi le ciel nocturne Dansent sous le regard verdâtre de Saturne Et sans atteindre un but ne cessent de tourner. |