encore un sonnet
Cochonfucius vu par Stéphane Cattaneo








Cette intervention prend la forme d'un sonnet.

S'agit-il d'un sonnet nocturne ? Peu importe.

les paroles vagabondes

De forum en forum, plusieurs voix se répondent.
Sur ces pages sans fin, nous sommes des errants,
Auteurs de textes flous, de phrases vagabondes,
Dont les échos, longtemps, flottent sur nos écrans.

Chaque forum fermé se veut un micro-monde.
Qui passe d'un à l'autre, auteur itinérant,
Se construit, de ce fait, l'identité seconde
Ou tierce, où ses propos se vont réverbérant.

C'est, quand même, un bonheur d'accueillir une intruse
Dont on a souvenance au temps qu'elle était muse,
Même si vers l'antan, nul ne peut repartir.

Or donc, dans la nature un ermite se terre,
Car il prend cette vie comme un trop lourd mystère :
Que faire, alors, pour lui... Ecouter, compatir.


   Hackeurs de bidonville

Nos voix font un écho dans la vallée des morts,
Plus qu'un rouge canyon, muraille polychrome.
Hackeurs de bidonville et hackeurs du royaume,
On survient, on repart, on entre et puis on sort.

Si tu crois qu'on s'amuse ici, tu as bien tort.
On explore, on apprend, on visite, on se paume,
On écrit des sonnets ou bien des antipsaumes.
Le citoyen lambda est content de son sort,

Nous on voudrait stopper le temps qui nous balafre,
Ce n'est pas de l'ennui, tu vois, ce sont les affres
De la réalité, de ses interjections,

Du sens surabondant qui induit la frayeur,
De ces lendemains qui jamais ne sont meilleurs,
Du virtuel trop réel avec ses projections.




En écho :

La lutte

Un jour deux judokas ont décidé de prendre
Des leçons d'aïkido, dans le but d'enrichir
Leur science du combat, et puis de l'assouplir,
Et les voici un soir, fort empressés d'apprendre...

Ils étaient en avance, il leur fallait attendre.
Ils se vautrent au sol, et, pour se divertir,
Luttent, roulant, poussant et jouant sans faiblir,
Car dans leur tradition on n'est pas toujours tendre.

Ils prennent du plaisir au familier combat ;
Mais le prof d'aïkido, dans son fier hakama
Trouve qu'en son dojo c'est une salissure.

Il pose la question, sur un ton dépité :
« Messieurs, où avez-vous mis votre dignité ? »

« Maître, dans le vestiaire, ainsi que nos chaussures. »