Un hommage à Charles Perrault





Il était une fois un petit de village, le plus joli qu'on eût su voir : Cochonfucius en était admiratif, et Yake Lakang plus éperdu encore.

Ce était d'un beau rouge, ce qui lui seyait si bien que partout on l'appelait le petit rouge.

Un jour Cochonfucius ayant mis au frais des bouteilles de vin blanc, lui dit : « Va voir comment se porte la reine car on m'a dit qu'elle était malade : porte-lui ces trois bouteilles. »

Le petit rouge partit aussitôt pour aller chez la reine qui demeurait dans un autre village.

En passant dans un bois, il rencontra compère le qui eut bien envie de le manger ; mais il n'osa, à cause de quelques qui étaient dans la forêt. Il lui demanda où il allait.

L'innocent qui ne savait pas qu'il était dangereux de s'arrêter à écouter un lui dit :

« Je vais voir la reine et lui porter trois bouteilles de vin blanc que Cochonfucius lui envoie.

- Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le

Oh ! oui, dit le petit rouge ; c'est par delà le pantodrome que vous voyez tout là-bas, là-bas, à la première maison du village.

- Eh bien ! dit le je veux l'aller voir aussi : je me vais y en aller par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là, et nous verrons à qui plus tôt y sera. »

Le se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court ; et le s'en alla par le chemin le plus long, s'amusant à pétrir des galettes, à courir après les empiristiaux, et à consulter des jeux de cartes.

Le ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la reine il heurte : toc, toc. « Qui est là ?

-C'est votre sujet le petit rouge, dit le en contrefaisant sa voix, qui vous apporte trois bouteilles de vin blanc, que Cochonfucius vous envoie. » La reine qui était dans son lit, à cause qu'elle se trouvait un peu mal, lui cria : « Tire la moulinette, la clopinette sautera. » Le tira la moulinette et la porte s'ouvrit. Il se jeta sur la noble reine, et la dévora en moins de rien; car il y avait plus de trois jours qu'il n'avait rien mangé. Ensuite il ferma la porte et s'alla coucher dans le lit de la reine, en attendant le petit rouge, qui, quelque temps après, vint heurter à la porte : toc, toc. « Qui est là ? »

Le petit rouge, qui entendit la grosse voix du eut peur d'abord, mais, croyant que sa Majesté la Reine était enrhumée, répondit : « C'est votre sujet, le petit rouge, qui vous apporte trois bouteilles de vin blanc que Cochonfucius vous envoie. » Le lui cria, en adoucissant un peu sa voix : « Tire la moulinette, la clopinette sautera. » Le petit rouge tira la moulinette et la porte s'ouvrit.

Le le voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : « Mets les bouteilles dans le seau à glace, et viens te coucher avec moi. » Le petit rouge va se mettre dans le lit, où il fut bien étonné de voir comment la reine était faite en son déshabillé.

Il lui dit : Majesté, que vous avez de curieux bras !

- C'est pour mieux t'embrasser, mon ami.

Majesté, que vous avez de curieuses jambes !

- C'est pour mieux courir, mon camarade !

Majesté, que vous avez de curieuses oreilles !

- C'est pour mieux écouter, mon bonhomme !

Majesté, que vous avez de surprenants yeux !

- C'est pour mieux te voir, mon cher !

Majesté, que vous avez un grand gosier !

- C'est pour te ...

Et, en disant ces mots, ce méchant se jeta sur le petit rouge et le repeignit en vert, car cette couleur lui plaisait mieux.