encore un sonnet
Cochonfucius vu par Stéphane Cattaneo








Cette intervention prend la forme d'un sonnet.

S'agit-il d'un sonnet nocturne ? Peu importe.

la lumière diurne et nocturne

Pour observer un astre, il faut s'en tenir loin ;
L'éclairer d'une lampe est d'ailleurs impossible.
Pour ta méditation, c'est une bonne cible :
Propice y est le jour, la nuit ne l'est pas moins.

Ici, d'un sens logique, il n'est aucun besoin.
Ce que tu dois savoir est pleinement visible,
Du moins pour qui regarde avec un coeur sensible,
Qu'un trait anecdotique, aussi, n'égare point.

En restant concentré sur les causes premières,
Tu finis par baigner dans leur blanche lumière.
Dans chaque astre tu vois l'image de ton coeur ;

Ce qui est essentiel se discerne sans peine.
Même si sa planète est petite et lointaine,
Le prince a dans ses yeux le reflet de la fleur.


   les sept dragons

Le dragon vert me fit désirer la croissance,
Le dragon rouge a mis du feu dans mon esprit ;
Le dragon jaune aidant, de l'honneur je m'épris,
Le dragon bleu me fit préserver l'innocence.

Le dragon rose offrit à mon coeur l'espérance,
Et la mélancolie me vint du dragon gris.
Ce que le dragon noir en dernier lieu m'apprit,
C'est que la mort est là pour notre délivrance.

D'un écrivain chinois qui fut vaillant et sage
Me viennent ces dragons au vertueux langage,
Chassant de l'univers la discorde et l'ennui.

Et c'est cette vision d'un compagnon poète
Qui m'a réconcilié avec notre planète
Et avec le retour du jour et de la nuit.




les sept lumières

La lune a sa clarté, pour l'amant, pour l'amante,
Lumière qui vaut bien celle d'un écran froid.
La lueur d'Antarès me cause de l'effroi,
Dont la source, pourtant, ne m'est pas apparente.

Est-il une planète aussi intelligente
Que le fugace Hermès, un voyageur sournois ?
Or, son gardien est là : c'est le nocturne roi
Dont la lumière est dense, et modeste, et prudente.

Vénus des lois des corps est un peu connaisseuse,
Et rien ne se compare à sa blancheur neigeuse ;
Saturne d'un chacun anticipe le sort

Et s'il ne le croit pas, lui montre les images.
Le soleil du matin, plus qu'une étoile, est sage ;
Le soleil de midi, plus que mon âme, est fort.


   le matin de la résurrection

« Résurrection », disait ce matin le soleil ;
La lune l'avait dit à nos âmes dormantes.
Et pour nous confirmer cette chose étonnante,
Tous les astres du ciel ont quitté leur sommeil.

Mercure a fulguré d'un éclat sans pareil,
Antarès a rougi de sa flamme géante ;
Vénus a chuchoté de sa voix innocente
Et Jupiter souri de son oeil de vermeil.

Tout dit « résurrection », la danse des comètes,
Celle d'un satellite autour d'une planète,
Et au profond des cieux, le trou noir qui mugit.

Le seul qui n'a rien dit est mon oncle Saturne,
Plus que les autres jours, je le sens taciturne ;
Il sait bien que nul bois de cendres ne surgit.